Caché : Sous nos yeux
Caché, de Michael Haneke, est un brillant suspense psychologique qui invite le spectateur à mener sa propre enquête…
Caché s’ouvre sur un long plan fixe montrant une rue coquette de Paris, avec des passants et des voitures qui traversent le cadre sans s’arrêter. Les crédits du générique apparaissent sur cette image en rang serré dans un texte continu qui comprend, à la fin, tous les principaux interprètes, artistes et artisans inscrits en même temps à l’écran. Le spectateur a ainsi le loisir de porter son attention sur l’un ou l’autre des noms. Or, c’est justement cet élément de choix, lié au sens de l’observation du spectateur, que cultive Michael Haneke (La Pianiste, Funny Games) dans ce suspense d’une profonde originalité de style.
Le réalisateur a un don prononcé pour instiller un malaise chez le spectateur avec le minimum d’effets. Ce ne sont souvent que des détails banals dans la façon de filmer une scène, mais qui, par effet cumulatif, confèrent au film un climat insolite déstabilisant. Les premières scènes sont truffées de ce genre d’éléments anodins mais intrigants. Le simple fait, par exemple, que le cinéaste filme Juliette Binoche dans l’ombre ou de dos pendant les 15 premières minutes du récit, pour ne révéler son visage en gros plan que lors d’une scène d’appel téléphonique anonyme qui prend alors une dimension inquiétante décuplée. Il y a presque du génie hitchcockien dans cette façon de manipuler le spectateur par l’art du cadrage et de la lumière.
Caché est un thriller cérébral, clinique, fascinant et très particulier, qui pose un regard troublant sur le thème de la culpabilité. Daniel Auteuil et Juliette Binoche incarnent Georges et Anne, un couple d’intellectuels parisiens, parents d’un préadolescent.
Depuis quelque temps, ils reçoivent des colis anonymes contenant des cassettes vidéo montrant l’extérieur de leur maison, ainsi que d’étranges dessins d’enfants. Viennent ensuite des appels téléphoniques anonymes, puis d’autres cassettes de plus en plus énigmatiques et inquiétantes. Très vite, un climat de tension et de paranoïa s’installe. La clé du mystère semble se trouver au creux d’un épisode honteux de la jeunesse de Georges. Mais chaque fois que le couple croit avoir identifié celui qui les harcèle, un nouveau doute survient…
Caché cultive avec raffinement l’art de l’ambiguïté, et ce jusqu’au plan final, qui contient ce qui ressemble à une clé essentielle pour la compréhension de ce que nous venons de voir. Mais une compréhension partielle, ouverte à différentes interprétations. Soyez très attentifs durant ce long plan fixe de la fin, car les spectateurs distraits risquent de sortir de la salle encore plus déroutés que les autres…
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