Festival International du Film sur l'Art : Les arts et les autres
Cinéma

Festival International du Film sur l’Art : Les arts et les autres

Du 9 au 19 mars, le Festival International du Film sur l’Art célèbre la création artistique en 280 films provenant d’une trentaine de pays. Quelques pièces de résistance.

Musique, peinture, sculpture, architecture, danse, cinéma, littérature, mode ou même cuisine: il y en aura pour tous les goûts. Durant 10 jours, les portraits d’artistes, les biographies, les enquêtes et les hommages succéderont aux vidéos d’art et aux films d’animation pour le plus grand bonheur des cinéphiles et des amateurs d’art. C’est également l’occasion de rencontrer de nombreux créateurs, comme le chorégraphe Édouard Lock, qui fête les 25 ans de sa compagnie La La La Human Steps (le 16 mars), ou de faire connaissance avec 30 artistes vidéastes québécois et canadiens rassemblés dans un panorama réalisé par la commissaire Nicole Gingras. Action!

ARTS / DESIGN

The Hermitage Dwellers, d’Aliona van der Horst.

The Hermitage Dwellers, d’Aliona van der Horst

L’Ermitage vu par ses divers techniciens, conservateurs et même par les enfants qui y font des visites d’école: voilà l’idée originale développée dans ce film. Une intelligente manière d’aborder un des plus grands musées du monde, avec ses 20 kilomètres de parcours, ses 2000 employés et ses 1000 salles dont 350 ouvertes au public. Ce film s’avère être finalement un portrait de la Russie actuelle et de ses liens avec le passé. Une très belle réussite qui montre l’âme d’un grand musée. (N.M.)

L’Intuition intuitionnée, d’André Desrochers

Nous connaissons bien mal notre histoire. Alors que l’on enseigne obligatoirement l’art européen, bien des cégeps n’ont pas encore de cours d’histoire de l’art du Québec. Voici un documentaire qui permettra de mieux se souvenir d’un pan important de notre passé culturel. Grâce à des archives, mais aussi à des témoignages des artistes eux-mêmes, vous y apprendrez beaucoup sur les premiers plasticiens Louis Belzile, Jauran, Jean-Paul Jérôme et Fernand Toupin. (N.M.)

Les Mauvais GarçonsJake et Dinos Chapman, de Wilde Brüdér

Les artistes savent rarement parler de leur oeuvre. Voilà ce qui est encore démontré dans ce film sur les frères Chapman. Malgré le choc évident que leur art produit (en montrant, par exemple, les scènes de guerre comme des boucheries), les deux Anglais s’embourbent dans l’idée que leurs pièces sont souvent sans fonction, sans intensité, inexpressives… Malgré l’absence d’un discours plus songé de la part d’un critique ou d’un historien de l’art, voici un documentaire permettant de mieux connaître leur travail, parfois littéral, mais plus engagé que leurs propos. (N.M.)

L’Aspirateur Hoover 150, de Danielle Schirman

Voici un petit film qui est un digne héritier des courts textes écrits par Roland Barthes dans son célèbre livre Mythologies. Ici, ce n’est pas le strip-tease ou la Citroën DS qui sont auscultés, mais l’aspirateur Hoover. En particulier, on y interroge celui repensé par le renommé designer Henry Dreyfuss (1904-1972). Son histoire et surtout sa symbolique en sont les acteurs principaux. Dépoussière le genre. (N.M.)

CINÉMA

Bergman – Une trilogie, de Marie Nyreröd

Bergman – Une trilogie, de Marie Nyreröd.

Reclus sur l’île Farö, Ingmar Bergman s’est entretenu en toute confiance et simplicité avec la journaliste Marie Nyreröd pendant cinq semaines pour une série de documentaires pour la télé. Dans la première partie portant sur le cinéma, Bergman revient notamment sur ses chefs-d’oeuvre Persona et Cris et Chuchotements, les femmes de sa vie, dont Bibi Andersson et Liv Ullmann, et les thèmes marquants de ses films. Vient ensuite le volet consacré au théâtre où Bergman parle entre autres des rapports entre l’artiste et la critique ainsi que de sa fascination pour la télévision. Consacré à l’île Farö, le dernier chapitre s’avère le plus touchant alors que Bergman parle de la mort et des fantômes qui le hantent. Un portrait testamentaire plus anecdotique qu’analytique du génie suédois. Incontournable. (M.D.)

Renoir(s), en suivant les fils de l’eau, de Jean-Pierre Devillers

Porté par la voix de Jean Renoir, qui raconte au cours d’entrevues pour la télé et la radio ses souvenirs d’enfance, ce documentaire impressionniste explore la fascination qu’exerçait l’eau sur le cinéaste et son père, le peintre Pierre-Auguste Renoir. Alors que la caméra glisse sur les toiles du peintre de la lumière comme sur la surface de l’eau, des images filmées inédites du père s’entremêlent à des extraits des oeuvres du fils. Une belle réflexion sur la filiation. (M.D.)

Shadowing the Third Man, de Frederick Baker

Chef-d’oeuvre du film noir écrit par Graham Greene, The Third Man fut tourné par Carol Reed à Vienne, alors en ruine, en 1948. Plus d’un demi-siècle plus tard, Frederick Baker visite les lieux du tournage en compagnie du réalisateur adjoint Guy Hamilton et de la scripte Angela Allen, qui dévoilent des secrets de plateau, dont plusieurs sur l’énigmatique Orson Welles. L’ensemble prend toute son ampleur lorsque les superbes images du directeur photo de Reed, Robert Krasher, reprennent vie en étant projetées à grande échelle sur les monuments viennois. (M.D.)

DANSE

Canticum Canticorum, de Pepita Ferrari

Canticum canticorum, de Pepita Ferrari.

Filmées dans le décor urbain de Montréal, les chorégraphies de Gioconda Barbuto illustrent Le Cantique des cantiques revisité par Karen Young. Un mariage pas toujours réussi entre l’antique et le moderne pour conter les amours de Salomon et de sa fiancée. De belles images, de grands talents, du bon travail et des temps forts, mais trop de redondances et de longueurs. (F.C.)

Ville fantôme, de Raymond Saint-Jean

Magnifique occasion de découvrir la beauté et l’expressivité de la gigue contemporaine, ce documentaire mêle très harmonieusement entrevues, archives, danse et fiction. Lük Fleury y raconte comment il s’est inspiré de la vie de sa grand-mère dans un village minier au début du siècle dernier pour créer des chorégraphies fortes et évocatrices. Sensible et instructif. (F.C.)

LITTÉRATURE

Au-delà des apparences – portrait de Marie-Claire Blais, de Suzette Lagacé

C’est sans doute le meilleur documentaire jamais tourné sur Marie-Claire Blais. Tout en rappelant l’arrivée météorique de cette dernière dans le paysage littéraire, à la fin des années 50, puis en intercalant des extraits de textes marquants dans une étude en style libre des résonances qu’a son oeuvre ici et outre-mer, Suzette Lagacé lève un peu du mystère Marie-Claire Blais, qui est toujours demeurée à l’écart des projecteurs. Entre les interventions de Margaret Atwood, Antonine Maillet, Jacques Crête ou Michel Blais, son frère, Lagacé fait une large place aux entretiens réalisés avec l’auteure près de chez elle, à Key West, qui permettent de mesurer tout l’amour et toute la lucidité inquiète portés à l’humanité par celle qui, depuis La Belle Bête (1959) jusqu’à Augustino ou le choeur de la destruction (2005), s’est révélée être l’une des principales figures de la littérature québécoise. (T.M.-R.)

MUSIQUE

Claude Vivier, de Cherry Duyns

Assassiné le 7 mars 1983 à Paris, Claude Vivier a laissé une cinquantaine d’oeuvres. Gyorgy Ligeti disait du jeune Québécois qu’il était le "meilleur compositeur français de sa génération". Les contours de ce portrait se tissent autour de témoignages de gens qui l’ont bien connu; le chef d’orchestre néerlandais Reinbert de Leeuw parle de la musique de Vivier et la dirige. Il fallait bien que cette excellente biographie nous vienne d’Europe… (R.B.)

Miles Electric: A Different Kind of Blue, de Murray Lerner

Un magnifique document qui retrace, à travers de nombreux témoignages de ses collaborateurs, le développement de la période "électrique" de Miles Davis, à partir de la fin des années 60. Incluant un concert filmé en 1970 au festival de l’île de Wight! Trente-huit minutes d’improvisation funky devant plus d’un demi-million de spectateurs! Avec Gary Bartz (sax), Dave Holland (basse), Jack DeJohnette (batterie), Airto Moreira (percussions), Chick Corea (piano électrique) et Keith Jarrett (orgue). (R.B.)

The Human Hambone, de Mark Morgan / Hank Williams: Honky Tonk Blues, de Morgan Neville

La légende de Hank Williams n’a débuté que le 31 décembre 1952, à l’âge de 29 ans, alors qu’on le retrouvait mort sur le siège arrière de sa Cadillac, victime d’une overdose d’alcool et de morphine. Icône absolue de la musique country, il a établi les bases du genre musical le plus populaire aux États-Unis. Honky Tonk Blues trace l’itinéraire de ce cow-boy solitaire entre tous à partir de témoignages et de nombreux documents d’archives. Au même programme, l’histoire de la musique que l’on peut faire sans aucun autre instrument que son propre corps, dont l’origine remonterait à la révolte des esclaves américains de 1739 (à la suite de laquelle fut édictée une loi leur interdisant de jouer du tambour…) et dont la descendance comprend le hambone, le step, le tap dance et le human beatbox! (R.B.)

THÉÂTRE

André Brassard – le diable après les cuisiniers, d’Alexandra Oakley et Patrick Bossé

En 60 minutes durant lesquelles alternent entrevues récentes avec André Brassard, bribes d’un atelier consacré par celui-ci à l’alexandrin racinien et images d’archives soigneusement sélectionnées, la jeune documentariste Alexandra Oakley (elle n’a pas 25 ans) a su conjuguer les réflexions bouillonnantes d’un grand penseur et acteur de notre théâtre aux questions et inquiétudes provoquées chez lui par la maladie. Très réussi. (T.M.-R.)

Les Enfants de Molière et de Lully, de Martin Fraudreau

En 2004, la troupe du Poème Harmonique présentait la comédie-ballet de Molière et Lully Le Bourgeois gentilhomme dans sa version originale au Festival de musique ancienne d’Utrecht. Martin Fraudreau a filmé les répétitions de ce spectacle total où comédie, danse, chant et musique sont indissociables. Bercé par la musique de Lully, le texte de Molière devient presque un chant que les acteurs vivent et dansent, plongeant le spectateur dans une féerie baroque digne du Roi-Soleil. (M.S.)

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