Kirikou et les Bêtes sauvages : Petit frère
Alors que Kirikou et les Bêtes sauvages revient sur nos écrans pour la relâche scolaire, Michel Ocelot était de passage à Montréal pour nous en parler.
Moins une suite qu’un complément à Kirikou et la Sorcière, ce nouveau film de Michel Ocelot présente une série de péripéties absentes du récit original. Comme les scènes supprimées qu’on retrouve sur plusieurs DVD, ces nouvelles aventures ne sont pas vraiment essentielles et se présentent de façon un peu décousue, ce qui ne les empêche pas d’être agréables. On retrouve avec plaisir l’enfant Kirikou alors qu’il affronte la hyène noire et les fétiches de la vilaine Karaba, se promène sur la tête d’une girafe, guérit les femmes du village après qu’elles eurent bu de la bière empoisonnée(!)… Kirikou et les Bêtes sauvages n’a pas la dimension mythique du premier film, mais l’animation traditionnelle aux couleurs chatoyantes et les chansons de Youssou N’Dour s’avèrent toujours aussi jolies.
Vous venez présenter Kirikou et les Bêtes sauvages, qui n’est pas vraiment une suite au premier film.
"Je ne voulais pas faire de Kirikou 2, mais Kirikou ne m’a pas demandé mon avis, il est plus fort que moi! Il m’est retombé dessus alors que j’étais en train de faire un autre film, puis le producteur a trouvé tout l’argent qu’il fallait avec une facilité déconcertante. Je ne pouvais plus refuser."
Pour le premier film, est-ce aussi Kirikou qui s’est imposé à vous?
"Non, là, c’est moi qui l’ai voulu, mais c’est quand même un producteur qui m’a dit: "Écris-moi un long métrage." J’avais le tort d’être satisfait de courts métrages, ce qui fonctionne bien en animation, sauf qu’on ne rejoint pas le public. Alors qu’avec le long, tout à coup tout le monde savait et aimait ce que je faisais."
Kirikou et les Bêtes sauvages n’est-il pas en quelque sorte une série de courts métrages?
"En effet, c’est aussi la liberté que me donne le succès de Kirikou et la Sorcière. Je fais ce que je veux et je continue à enfreindre les règles. Pour le premier Kirikou, c’était la nudité. Là, je fais quatre histoires un peu autonomes, mais le public accepte."
Le premier film a une dimension plus mythique, avec les fétiches et la sorcière, tandis que dans le deuxième, c’est plutôt la tradition, le quotidien du village. Était-ce intentionnel?
"Oui, c’est un retour à la vie de tous les jours. Je considérais que la grande histoire était dite. Kirikou à 20 ans, c’est terminé. Le Kirikou intéressant est le petit enfant tout nu qui fonce là où il faut aller et qui y arrive. Donc, je ne pouvais pas faire de suite, mais ce retour au quotidien me semblait justifié. Montrer ce qu’on fait avec l’eau, parler des gens. J’aime bien la dernière histoire, où on montre qu’on a besoin des femmes et aussi la vaillance des enfants africains."
C’est intéressant que ce soit les enfants qui guérissent leurs mères, ça renverse les rôles conventionnels.
"Pour moi, c’était aussi un adieu à Kirikou. Le deuxième film finit comme commence le premier, avec exactement la même installation, le même décor. Dans le premier, on commence avec la naissance de Kirikou et dans le dernier, on finit par Kirikou qui rend la vie à sa mère. La boucle est bouclée."
Pour illustrer les paysages et les animaux, êtes-vous allé en Afrique pour vous inspirer?
"Eh bien, quand j’étais petit, j’étais Noir! J’allais à l’école à Conakry en Guinée, mon frère et moi étions les seuls Blancs, donc mon enfance est africaine. Je suis à l’aise dedans, j’aime ces personnes et mon film sonne juste en particulier pour cette raison. Cela étant dit, Kirikou est bien Africain, mais c’est quand même le petit frère de tout le monde."
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