V for Vendetta : Anarchy in the UK
Cinéma

V for Vendetta : Anarchy in the UK

Dans V for Vendetta, adaptation d’un roman iconique britannique, les frères Wachowski, créateurs de The Matrix, exploitent les peurs de notre temps. Chaud devant.

Conçu par l’Anglais Alan Moore en réaction au virage à droite pratiqué par le gouvernement Thatcher, au début des années 1980, le roman iconique V for Vendetta trouve aujourd’hui une troublante résonance dans l’actualité. Méfiance à l’égard de la différence, actions terroristes vengeresses, suppression des libertés individuelles… on a l’impression d’y trouver en synthèse les questions abordées quotidiennement au téléjournal.

La scène qui sert de conclusion au film est encore plus dérangeante: chargée d’explosifs par un mystérieux terroriste, une rame de métro bien aiguillée risque de faire sauter le Parlement britannique. Le scénario catastrophe renvoie inévitablement aux attentats de Madrid et de Londres.

Pour leur retour au grand écran, les frères Larry et Andy Wachowski (The Matrix) n’y sont pas allés de main morte. S’ils ont confié la réalisation à leur proche collaborateur James McTeigue, les frangins font sentir leur griffe du premier au dernier plan. Touffue et complexe, leur nouvelle oeuvre table avec un à-propos renversant sur les peurs de notre époque.

V for Vendetta raconte les "exploits" d’un terroriste masqué, V (Hugo Weaving), qui a pris sur lui de libérer ses concitoyens du joug d’un État répressif. Partant du principe que la violence peut être mise au service du bien, V pose divers gestes détonants qui tireront la société de sa torpeur. Avec l’aide de la jeune Evey (Natalie Portman), qu’il convainc de la légitimité de ses actions, V prépare un ultime coup d’éclat.

Misant sur un contenu à prendre avec des pincettes, les Wachowski ne manqueront pas de créer un débat à saveur sociétale autour du film. Cela pourrait faire en sorte de soustraire V for Vendetta à un regard plus critique portant sur sa constitution cinématographique. Justement, on ne manquera pas ici d’émettre certaines réserves.

Touffue et tentaculaire, la trame développée paraît inutilement compliquée par endroits. Les allusions nombreuses (à Orwell, à Shakespeare, à Alexandre Dumas…) alourdissent le scénario et les personnages sont, ou bien trop complexes (V et son discours précieux), ou maladroitement étoffés (la plupart des trop nombreux seconds rôles).

Reste tout de même à tirer un plaisir visuel des séquences d’action, peu nombreuses mais efficaces, et du jeu grand-guignolesque de V, figure tragi-comique distrayante.

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