Anthony Zimmer : À la manière de…
Anthony Zimmer, thriller élégant et bien tourné de Jérôme Salle, se lit comme l’hommage d’un réalisateur recrue au grand maître Hitchcock.
Pris pour un autre, un type ordinaire est précipité dans une aventure tenant du cauchemar. Poursuivi par des méchants qui veulent attenter à sa vie, il court, court, court, cherchant à sauver sa carcasse. Sur son éprouvant parcours, il rencontre une femme intrigante dont il s’éprend, mais qui lui causera des ennuis supplémentaires. Folle aventure…
Ces prémisses vous rappellent quelque chose? Normal. Après tout, elles constituent une bougie d’allumage classique, à l’origine de combien de suspenses. Dans le style, on pensera inévitablement au North By Northwest d’Alfred Hitchcock, qu’il est pertinent d’évoquer ici. Car Anthony Zimmer, le film qui nous occupe, est fortement redevable au classique du grand Hitch.
À bord du train qui le conduit à Nice, François Taillandier (Yvan Attal, solide), trentenaire ordinaire, est abordé par une mystérieuse beauté (Sophie Marceau, efficace). Arrivé à destination, il suit la belle jusqu’à l’hôtel. Elle le fait dormir sur le canapé. Le lendemain matin, on cogne à la porte. Madame est sortie. Taillandier va répondre. Deux hommes armés sont venus le "voir". Il prend la fuite. Courra pendant une bonne heure et quart avant de retrouver son souffle. Et nous, le nôtre.
Premier long métrage du Français Jérôme Salle, Anthony Zimmer s’appréhende tel un exercice de style. Le spectateur attentif y décèlera de nombreux clins d’oeil et références sciemment assumés. Procédant à la manière de, le réalisateur jongle habilement avec les codes en vigueur. Il développe son intrigue méticuleusement, mesurant ses effets, jouant sur les apparences, et privilégie une facture esthétique raffinée, qui ne manque pas de titiller le regard.
Bien que maître de son sujet, Salle se fait prendre à télégraphier quelques rebondissements et à maltraiter les seconds rôles – ainsi en est-il de ce flic énigmatique interprété par l’excellent Sami Frey, qui va et vient, et dont les intentions demeureront floues.
Enfin, cela dit, on se réjouira de ce que le cinéaste soit parvenu à relever la grande difficulté propre au genre: dénouer l’intrigue en évitant les feux d’artifice ou les révélations échevelées. Au contraire, Salle joue ses cartes avec subtilité, cultivant l’ambiguïté jusqu’à la toute fin. Le créateur de Rear Window aurait certainement esquissé un sourire en voyant cela.
Voir calendrier Cinéma