Frédérick De Grandpré : État de crise
Frédérick De Grandpré incarne un homme prisonnier de son racisme dans le drame social Hero by Nature, une fiction basée sur l’après-crise d’Oka.
Mélissa Proulx
"J’habitais dans une banlieue de la région de Québec où il y avait beaucoup de gens qui travaillaient pour la SQ. J’en garde le souvenir que les pères de mes amis partaient pour Oka ou Châteauguay pour aller régler la crise. Je voyais les gens que je côtoyais dans les rues quitter; c’était quasiment comme partir à la guerre, il y avait quelque chose de très particulier. Ça m’avait beaucoup impressionné et j’étais content lorsque ça s’est terminé." C’est le souvenir que le comédien Frédérick De Grandpré garde de la crise autochtone qui a éclaté en 1990. Tous ont un souvenir plus ou moins intime de cette confrontation armée qui avait fait trembler le gouvernement et qui se déroulait dans un petit village anodin. Et c’est justement avec une approche plus humaine que Luke Bélanger a choisi de traiter de cette histoire, et non avec l’angle politique ou documentaire dont elle a fait l’objet jusqu’à maintenant.
Écrit et produit par ce dernier, Hero by Nature (L’Âme d’un héros) relate l’histoire d’un père de famille amer (De Grandpré) qui interdit à son fils (Laurent-Christophe De Ruelle) de fréquenter son voisin amérindien (Jesse Rath). Mais voilà que ses perceptions vont changer subitement quand le père amérindien (le véritable ex-Warrior mohawk Joe McComber) tirera le jeune Okois d’un mauvais pas. La distribution hétéroclite de ce film réalisé par Roger Cantin (Mathusalem) est complétée par Cary Lawrence. "J’ai tout de suite été charmé par le scénario. Je pense qu’avec ce film, Luke voulait vraiment voir plus profondément ce qui se passait, de dire le comédien et chanteur Frédérick De Grandpré. Et l’atmosphère sur les courts est généralement meilleure que sur un long métrage, parce que les gens sont vraiment là pour les bonnes raisons."
Ayant récolté les prix du meilleur film et de la meilleure direction photo lors du dernier Spanish Film Festival de Cartagena, le film d’à peine 15 minutes et de version originale anglaise fait le tour des festivals, ouvrant ce jeudi le Festival du film de l’Outaouais, en première partie du Petit Lieutenant de Xavier Beauvois. Du reste, Luke Bélanger travaillerait prochainement, de pair avec les habitants de Kahnawake, à l’écriture d’un long métrage. "Il faut avoir la capacité d’entrer rapidement dans le vif du sujet avec ce genre de film, et Luke a cette force dramatique où la construction prend une courbe jusqu’à l’apogée émotif, remarque l’acteur, qui a commencé récemment à produire ses propres courts métrages. Et dans Hero by Nature, on le sent bien, dès les premières minutes", de conclure Frédérick De Grandpré.
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