Gilles Carle ou l'Indomptable Imaginaire : Rêver le réel
Cinéma

Gilles Carle ou l’Indomptable Imaginaire : Rêver le réel

Gilles Carle ou l’Indomptable Imaginaire, de Charles Binamé, nous convie à une célébration de la vie, de l’amour et de l’art. Rencontre avec le documentariste à qui on rend hommage le 21 mars dans le cadre de ce 8e FFO.

Campé dans la magnifique Isle Verte, si chère à Gilles Carle et à sa lumineuse muse Chloé Ste-Marie, Gilles Carle ou l’Indomptable Imaginaire s’avère un documentaire intimiste, sans jamais être voyeuriste – car Charles Binamé a su se faire aussi discret que respectueux -, où, malgré la maladie qui frappe durement le cinéaste, l’énergie créatrice de Carle n’a d’égale que l’amour, voire l’adoration, dont il est l’objet par sa compagne et ses amis fidèles: "Mon but n’était pas de faire un film respirant le bonheur et la sérénité, relate le réalisateur, mais en le tournant, j’ai constaté toute la vie, l’effervescence et la lumière qu’il y avait autour de Gilles; en fait, je décrirais Chloé comme étant la lumière de Gilles. Mon intention de départ, c’était de faire le portrait d’un créateur atteint de la maladie du Parkinson par le véhicule de sa propre voix qu’il n’a plus, c’est-à-dire celle d’un scénario où il se met en scène et où Chloé devient sa fille. Je trouvais qu’il y avait une matière singulière de voir qu’un créateur qui, au tout dernier moment de sa capacité d’écrire, est capable de pondre quelque chose qui parle de lui, de façon transposée."

Éveillant tour à tour joie et tristesse, L’Indomptable Imaginaire nous ramène donc peu souvent vers le passé, hormis quelques extraits de films et la voix de Donald Pilon, alter ego de Carle, mais nous porte plutôt vers le présent, alors que l’on voit Carle peindre d’étonnants autoportraits traduisant avec force sa souffrance, et un futur qui n’aura pas lieu. Ainsi, bien qu’il ait refusé, à la demande de Ste-Marie, de tourner Mona McGill et son Vieux Père malade, dernier scénario de Carle, Binamé nous offre de façon impressionniste ce qu’aurait pu être ce film: "Pas plus que je ne voulais faire un film militant pour les aidants naturels, car Chloé, qui est aidée par des préposés afin qu’elle ne coule pas avec lui, mène elle-même son combat, je ne voulais pas faire une rétrospective de ses films ni parler de lui à l’époque où il était encore en forme. Au fond, je voulais aller dans sa tête, savoir quelles images hantent encore son esprit."

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