Voici l'Homme : Il était une foi
Cinéma

Voici l’Homme : Il était une foi

Dans Voici l’homme, Catherine Hébert suit le parcours d’une troupe de théâtre qui présente la passion du Christ dans les églises du Québec.

Chaque année, un curé réunit les comédiens de la troupe Agapaix pour monter Voici l’homme, une pièce sur la vie de Jésus. On y retrouve des retraités, des mères de famille, un ex-junkie et même un athée qui, évidemment, joue le rôle de Thomas. La documentariste Catherine Hébert les a suivis pendant les répétitions, en tournée dans les églises du Québec et dans leur quotidien, brossant un portrait intrigant quoique un peu indulgent. Le propos du film n’est pas toujours clair, mais les personnages qu’on y rencontre sont divertissants et la musique endiablée de Martin Léon fournit un contrepoint bienvenu au cadre religieux.

"La genèse du projet, confie Hébert, c’est que Nancy, qu’on voit dans le film, est ma meilleure amie. Je la voyais partir tous les dimanches et je me disais: qu’est-ce qu’une fille qui, comme moi, n’a pas été élevée dans la religion va faire là? Je me demandais aussi qui, en 2005, voulait encore raconter l’histoire de Jésus. Je me suis donc rendue à l’église et j’ai fait la rencontre des personnages du film. J’ai été fascinée par le fait que ça réunissait des gens qui étaient tous là pour des raisons super différentes."

C’est en effet intéressant que ce ne soient pas toutes des personnes religieuses voulant passer un message, c’est une troupe hétéroclite.

"Exactement. J’ai rencontré ces gens-là et je les ai trouvés d’abord rigolos. J’espère que ça passe dans le film qu’ils me font rire, mais que je ris avec eux, parce qu’eux aussi se trouvent drôles. C’est sûr qu’avec le passé très lourd qu’a la religion catholique au Québec, c’est un peu ironique de penser qu’à l’heure où l’on transforme les églises en condominiums, il y a encore des gens pour qui le seul moyen de se réunir est de retourner à l’église. Le groupe aurait été aussi intéressant s’il avait monté une pièce de Marcel Dubé, mais le fait qu’ils crucifient Jésus à chaque dimanche donne lieu à des images qui vont nous surprendre, nous faire rire et nous questionner aussi."

Quand ils présentent la pièce, les églises sont à moitié vides. Le prêtre qui dirige la troupe veut ramener le monde, mais ça n’a pas l’air de vraiment marcher.

"C’est toute la contradiction de ça. Simon Couillard, curé qui n’a jamais porté de soutane, veut se moderniser à travers une pièce qui reste quand même l’histoire de Jésus, qu’on connaît trop. Il a vu le film de Mel Gibson où il y avait beaucoup de sang, et pour lui, actualiser la religion, ça veut dire qu’on va mettre beaucoup de sang sur Jésus cette année."

Dans le fond, si la pièce marche, c’est moins pour le public que pour ceux qui la font.

"Ce qui est touchant, c’est que, justement, ils font ça pour se sauver eux-mêmes. Simon parle de la solitude des hommes curés et dit de façon limpide: "Agapaix, c’est comme ma femme." La quête de madame Patry, c’est de garder sa famille ensemble. François, le sceptique, fustige tout ce qui est religieux, il met en opposition le savoir et le croire, et il a choisi cette troupe-là, étonnamment, pour propager son message. Et puis un vieux monsieur comme Marcel, qui a fait partie des Compagnons de Saint-Laurent, est là par pur amour du théâtre."

Finalement, c’est un film sur leur quête personnelle, qui n’est pas nécessairement spirituelle.

"Ce n’est ni un film sur la religion, ni un film sur l’état des croyances au Québec, c’est un film sur des individus. Tu vois les gens à leur meilleur, puis tu les vois à leur pire. Et le titre n’est pas innocent: Voici l’homme, ce n’est pas que le titre de la pièce, c’est aussi "voici l’être humain dans ce qu’il est"."

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