Thank You for Smoking : Fume, fume, fume, fais de la fumée
Cinéma

Thank You for Smoking : Fume, fume, fume, fais de la fumée

Thank You for Smoking, de Jason Reitman, se moque des tenants de l’anti-tabagisme. Fumant.

Les meilleures satires sont celles qui tirent de tous les côtés. C’est facile pour un film de s’en prendre aux méchantes compagnies de cigarettes et aux lobbyistes sans scrupules qui revendiquent le "droit" de vendre un produit qui tue la majorité de ses consommateurs. Il est plus délicat, mais aussi plus satisfaisant, de ridiculiser tout autant les politiciens opportunistes, les journalistes hypocrites et les extrémistes anti-tabac.

Thank You For Smoking prend le pari de suivre un protagoniste qui défend l’indéfendable et d’aller jusqu’au bout de cette idée. Un moindre film aurait inévitablement ramolli le personnage en lui faisant avoir une crise de conscience et changer son discours au troisième acte. Heureusement, Nick Naylor (Aaron Eckhart) demeure un charmeur arrogant à la morale flexible du début à la fin. Porte-parole de l’Academy of Tobacco Studies, Naylor va à la télévision et dans les assemblées et prétend en toute mauvaise foi que rien ne prouve que la cigarette est vraiment nuisible à la santé et que, même si c’était le cas, ce n’est pas la responsabilité des gouvernements de protéger les gens d’eux-mêmes.

Ces déclarations enragent le sénateur Finistirre (William H. Macy), qui veut mettre des têtes de mort et l’inscription "poison" sur les paquets de cigarettes, et valent même des menaces de mort à Naylor. En revanche, il peut toujours compter sur le support de ses collègues du M.O.D. ("Merchants of Death" Squad), d’une lobbyiste de l’industrie de l’alcool (Maria Bello) et d’un défendeur des fabricants d’armes (David Koechner), et sur celui de son fils (Cameron Bright), qui admire sa capacité à argumenter de n’importe quoi à son avantage.

Porté par une distribution uniformément excellente, qui inclue aussi JK Simons, Robert Duvall, Rob Lowe, Sam Elliott et Katie Holmes, le film est aussi incisif que divertissant. De toute évidence, Eckhart et les acteurs qui l’entourent s’amusent beaucoup à agir en parfaits salauds et à réciter les dialogues percutants du scénario, adapté du roman de Christopher Buckley. Le seul reproche qu’on peut faire à ce premier long-métrage de Jason Reitman (fils d’Ivan) est de manquer de progression dramatique. Car si la constance du ton est admirable, le récit est un peu trop linéaire et anecdotique. Malgré cela, Thank You For Smoking demeure délicieusement politiquement incorrect.

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