André Mathieu, musicien : Regain de mémoire
Cinéma

André Mathieu, musicien : Regain de mémoire

Jean-Claude Labrecque signait en 1993 un documentaire sur le pianiste André Mathieu. Il y travaillait depuis 16 ans. Aujourd’hui, le film reprend l’affiche, l’espace d’un  concert.

À l’occasion du concert-bénéfice de l’OSQ où on pourra entendre pour la première fois à Québec la Rhapsodie romantique pour piano et orchestre d’André Mathieu, interprétée par Alain Lefèvre, le Cinéma Cartier remet à l’affiche le documentaire que lui consacrait Jean-Claude Labrecque en 1993. À ce propos, le cinéaste se réjouit du fait que le film puisse ainsi toucher une nouvelle génération et continuer à faire connaître ce compositeur québécois, dont il a pour sa part découvert la musique en 1977, dans la foulée des préparatifs olympiques. "J’ai écouté ces thèmes plus étonnants les uns que les autres et je suis retourné voir M. Morin, le directeur artistique des cérémonies d’ouverture, qui m’a donné une tonne de documents de première main. Là, j’ai étudié l’oeuvre, ce que je pouvais trouver de Mathieu, et j’étais tout à fait ravi, évoque-t-il. Ça a pris tout ce temps, entre 1977 et 1992, pour réussir à faire le film, parce que Téléfilm avait peur de ce projet-là. C’était la période où ils se disaient qu’il faudrait des héros au cinéma et, pour eux, Mathieu était un looser. Ils craignaient que ce soit démoralisant."

Pourtant, ce qui l’intéressait, lui, c’était de raconter la vie "d’un génie, mais qui, en même temps, n’est pas un enfant d’école et vit dans une société qui ne le comprend pas". Il se disait: "C’est une histoire triste et étonnante qu’on ne connaît pas, alors je vais faire ce film pour, moi, la comprendre et essayer de la passer aux autres." Et il saisissait en même temps que le défi serait de "rendre justice à ce personnage, que ça ne soit pas complètement dépressif, mais que ça permette aux gens de faire le point sur qui il était et sur la période pour savoir qui on était." En fait, il trouvait particulièrement fascinant le contraste entre la gloire de ce gentil petit garçon à culottes blanches, ce "petit Mozart" comme on l’appelait, et l’indifférence dans laquelle il est tombé dès l’instant où il a atteint l’adolescence, où il a commencé à se révolter contre son père et la société. "C’est comme s’il n’y avait plus eu de place pour lui, observe-t-il. Jeune, les gens l’aimaient beaucoup; il jouait des petites affaires gentilles et tout le monde trouvait ça charmant. Mais plus tard, il est passé à un autre genre de musique; par exemple, Mistassini, c’est autre chose, on n’était pas habitués à ça. Alors, on l’a abandonné et il est mort alcoolique."

Entremêlant entrevues, images d’archives, prestations musicales et dramatisation, André Mathieu, musicien mise non seulement sur les faits, mais aussi beaucoup sur l’émotion. D’abord, à travers sa musique, omniprésente et n’ayant pas son pareil pour témoigner de l’homme. Puis, par des interventions poussant parfois assez loin l’interprétation, en ce qui a trait à ses relations avec ses proches, notamment. Et enfin, par la mise en scène quasi cauchemardesque, avec ses saltimbanques, sa folie, d’un de ses pianothons. "C’était une chose inimaginable que lui fasse ça, commente-t-il. Ça n’avait pas de maudit bon sens. Il ne pouvait pas aller plus bas. Donc, je trouvais que ça ferait un bon coup d’envoi." D’une ironie criante, en fait. Tout comme le destin évoqué…

Concert-bénéfice de l’OSQ avec Alain Lefèvre
Le 19 avril à 20h
Au Grand Théâtre
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André Mathieu, musicien
Du 14 au 20 avril à 20h
Au Cinéma Cartier
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