Un fil à la patte : Ciel, mon amant!
Cinéma

Un fil à la patte : Ciel, mon amant!

Dans Un fil à la patte, pièce de Feydeau adaptée par Michel Deville, Emmanuelle Béart joue les cocottes irrésistibles avec bonheur. Et que claquent les portes!

Lucette (Emmanuelle Béart), chanteuse de café-concert, est courtisée par tous: un nouveau riche (Stanislas Mehrar), qui tente d’acheter ses faveurs, un parolier (Patrick Timsit), qui lui a écrit une chanson, la baronne (Dominique Blanc), qui veut qu’elle chante lors d’une de ses soirées… Mais Lucette n’en a que pour son amant Bois d’Enghien (Charles Berling), qui le lui rend bien, bien qu’il s’apprête à signer un contrat de mariage avec Viviane (Sara Forestier), la fille de la baronne.

Après plusieurs films dramatiques, Michel Deville (Les Confessions du docteur Sachs) s’offre, dans ses mots, "la plus comédie des comédies", Un fil à la patte, adaptée d’une pièce de Georges Feydeau. Envoyez les répliques cinglantes, les quiproquos, les apartés et les portes qui claquent! Si, à première vue, cela semble être une oeuvre dépassée à peine bonne à faire sourire, on y découvre finalement un petit quelque chose de presque avant-gardiste. La vision de l’amour est cynique à souhait et les personnages féminins sont forts, trouvant plaisir avec les hommes, puis les laissant tomber quand ils deviennent trop encombrants.

On n’échappe pas au côté théâtral, bien sûr, mais on ne se retrouve pas non plus devant une pièce filmée. La caméra est en mouvement constant, multipliant les balayages brusques et les zooms étourdissants. Le rythme est enlevant, voire épuisant – le dossier de presse fait état de pas moins de 228 entrées et sorties de scène en moins d’une heure et demie! Le film déborde de couleurs, de décors somptueux et de changements de costumes, et la musique majestueuse tirée du Ballet de Faust de Gounod présente un contrepoint intéressant.

Deville, grand amoureux des femmes ayant tourné avec pratiquement toutes les grandes actrices françaises (Anna Karina, Catherine Deneuve, Romy Schneider…), se fait plaisir en dirigeant Emmanuelle Béart pour la première fois. Elle apparaît ici comme on l’a rarement vue, plongeant pleinement dans le vaudeville de Feydeau et créant une Lucette aussi comique que lubrique. La jeune Sara Forestier, dont on a pu apprécier le talent dans L’Esquive, est très allumée elle aussi, tout comme le reste de la distribution d’ailleurs. Un fil à la patte menace souvent de s’effondrer sous le ridicule des situations et les élans de cabotinage parfois grossiers, mais la complicité entre les acteurs sauve l’ensemble.

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