Combien tu m'aimes? : Monica la mitraillée
Cinéma

Combien tu m’aimes? : Monica la mitraillée

Dans Combien tu m’aimes?, Bertrand Blier soumet la belle Bellucci au feu soutenu de sa caméra voyeuse. Quand tonton se rince l’oeil…

Bertrand Blier

l’avoue, il fait du cinoche pour filmer les femmes. Les belles femmes, s’entend. Et dans la fleur de l’âge, est-il besoin d’ajouter. À d’autres les vieilles moches avec du poil aux pattes. Ainsi Blier, qui aime filmer les femmes, a-t-il eu envie de poser son objectif sur la pulpeuse Monica Bellucci, beauté marmoréenne dont les courbes prononcées tiennent de la statuaire ancienne. La belle affaire, s’est dit le sexagénaire en voyant la dame à l’oeuvre dans Irréversible de Gaspar Noé, écrivons donc un scénario pour mettre ces formes italiennes en valeur.

Blier pense alors à un truc. Quelque chose comme un scénario. François (Bernard Campan), un quidam partageant ses portugaises avec Monsieur Spock, tombe amoureux de Daniela, une péripatéticienne aux charmes irrésistibles. Il lui propose un marché: voudrait-elle devenir sa femme en échange de grosses poignées d’oseille soi-disant remportées à la loterie? Daniela accepte et suit son roquet aux belles oreilles. La cohabitation dure un temps. Jusqu’à ce que Daniela, lassée, retourne au boulot et retrouve l’odieux Charlie (Gérard Depardieu), le gangster avec qui elle pieutait avant de suivre son François. Piqué, celui-ci tente de ramener la sulfureuse au bercail.

Vous voyez un peu l’affaire? Une réflexion du genre: "L’amour, ça n’a pas de prix, pour le reste, il y a MasterCard." Enfin, passons… L’histoire, au bout du compte, n’existe que comme la coquille enrobant le petit poussin Bellucci. Blier l’a voulue comique, cette histoire, mais les effets censément drôles sont inopérants. Pis encore, par endroits, la chose dérape dans le théâtre de boulevard réac et on doit subir un discours de vieux chnoque sur la femme-objet : "Un cul, ça devrait être touché", lance Depardieu à un moment. En voilà un qui ne s’embarrasse pas de la rectitude politique. En fait, l’affirmation est tellement gonflée qu’on perdra son temps à la décrier.

Amenée à camper une caricature d’elle-même, Monica Bellucci semble s’exécuter de bonne grâce. Selon la comédienne, ce nouveau rôle lui a permis de cheminer dans sa carrière. On se demande comment. Peut-être s’est-elle endurcie en soutenant l’objectif de Blier comme d’autres endureraient un caillou dans un chausson.

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