Hard Candy : Le petit chaperon rouge
Dans Hard Candy, de David Slade, Ellen Page fait passer un très mauvais quart d’heure à Patrick Wilson. Entrevue avec celle qui incarnera Kitty Pride dans X-Men 3.
Au Week-end des 1 000 frissons, où il était présenté en primeur, Hard Candy a été l’un des films les plus courus. Et pour cause. Campé dans un appartement aseptisé et fort d’une ambiance glacée, ce premier long métrage de David Slade se veut un huis clos à deux personnages dans la veine des Oleana et Alexandra’s Project. Un tête-à-tête intense où l’on ne sait jamais qui des protagonistes est le plus fou des deux…
Après avoir clavardé sur un site de rencontres, Hayley (vibrante Ellen Page), gamine délurée de 14 ans, et Jeff (Patrick Wilson, excellent), photographe de mode de 32 ans, conviennent de se donner rendez-vous dans un café. S’ensuit une séance de flirt maladroit qui mettra le spectateur mal à l’aise: "En fait, je dirais que tout le film provoque le malaise, avance l’actrice de 19 ans jointe au téléphone. J’ai pris la décision de ne pas juger quoi que ce soit dans les situations présentées à l’écran, ni de juger mon personnage; tout ce qui m’importait, c’était de connecter avec Hayley, de la suivre jusqu’au bout."
Hayley s’éloigne des personnages de jeune fille que l’on rencontre au cinéma; avez-vous trouvé par moments qu’elle était difficile à apprivoiser?
"Non! (rires) Tout ce que je voulais, c’était être Hayley! Vous savez, l’image que les médias projettent des jeunes est très frustrante, trop stéréotypée. Ici, j’avais l’occasion d’incarner une adolescente pleine d’esprit et de passion. Le scénario de Brian Nelson était absolument fabuleux; j’ai tout simplement embarqué là-dedans."
Avez-vous apporté quoi que ce soit à sa personnalité, son énergie animale, son look, qui rappelle celui du Petit chaperon rouge?
"Ouais, j’imagine que j’y ai apporté de ma personnalité… J’ai fait beaucoup de sport quand j’étais plus jeune, du soccer surtout, et je joue aussi de la guitare. Mais pour être honnête, la veste était rouge et comme j’aime les capuchons, je l’ai mis. Par la suite, tout le monde a fait une analogie avec Le Petit Chaperon rouge. Je déteste briser la magie (rires)."
L’ayant convaincu de l’emmener chez lui, Hayley se retrouve bientôt chez Jeff où ce dernier apprendra à ses dépens que l’on ne boit jamais un drink que l’on n’a pas préparé soi-même. Dès lors, le chat devient la souris et vice-versa. Ligoté sur une chaise, le pauvre photographe est alors accusé par la jeune fille d’être pédophile et meurtrier. Qui dit vrai?
S’il ne traite pas avec autant de profondeur de la pédophilie que The Woodsman ou Mysterious Skin, Hard Candy, qui s’inspire d’un fait divers – au Japon des jeunes filles auraient kidnappé des pédophiles afin de se faire justice -, s’impose davantage grâce à la chimie entre ses talentueux acteurs et à sa forme plutôt qu’à son esprit d’analyse. Issu de la pub et du vidéoclip, David Slade signe une réalisation aussi soignée que stylisée, par moments maniérée, où le montage nerveux renforce le sentiment d’angoisse sans cesse grandissant de cet efficace huis clos. Et l’on vous épargne les détails du supplice qui devient insoutenable – que l’on soit homme ou femme.
La native de Halifax poursuit: "J’aimais beaucoup l’aspect action du film; il n’y a pas tant de violence dans Hard Candy, mais lorsqu’elle arrive, elle est très intime. Pour moi, les sujets sombres et délicats ne sont pas traités assez souvent; ce sont des sujets souvent crus dans lesquels je peux mordre à pleines dents… et c’est pour cette raison que j’adore jouer."
Aviez-vous parfois l’impression que Hard Candy se rapprochait davantage du théâtre que du cinéma?
"En voyant le film, on peut peut-être avoir cette impression parce que c’est un huis clos à deux personnages; je me souviens que je ne pouvais pas m’arrêter de lire le script tant je le trouvais incroyable. Après avoir vu les pubs et les clips de David, que je trouve extrêmement impressionnants, et constaté le talent de Brian, j’ai tout de suite su que Hard Candy serait un film vraiment original."
Par la suite, incarner Kitty Pride a dû vous sembler de vraies vacances…
"Il n’y a vraiment aucune comparaison à faire entre tourner quelque chose comme Hard Candy ou comme X-Men. Je suis toutefois très heureuse d’avoir connu l’expérience d’un gros tournage américain: j’ai eu tellement de plaisir à le faire et en plus, ça m’ouvre tellement de portes en ce moment."
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