Tabac, la conspiration : La mafia du tabac
Cinéma

Tabac, la conspiration : La mafia du tabac

Dans Tabac, la conspiration, la documentariste Nadia Collot dresse le portrait troublant d’une industrie sans scrupules, prête à tout pour vendre un produit hautement nocif.

Québécoise habitant en France depuis 18 ans, Nadia Collot a senti l’urgence de faire un film sur les dessous de l’industrie du tabac lorsque son fils a commencé à fumer. Cette ex-fumeuse, qui a vu son père mourir d’un cancer du poumon après avoir fumé toute sa vie, a voulu faire sa part pour cesser ce cycle infernal faucheur de vies. Car selon l’Organisation mondiale de la santé, ce sont 5 millions de personnes par année, soit 13 000 par jour, qui meurent des suites du tabagisme. Si l’augmentation de la consommation de tabac suit sa courbe actuelle, l’épidémie pourrait emporter jusqu’à 10 millions de personnes en 2025. "Les jeunes vivent le moment présent. Le discours sanitaire ne fonctionne pas avec eux. Alors, ce que j’ai voulu montrer, c’est quels sont ceux qui profitent de leur argent." Son but: démontrer la responsabilité criminelle de cette industrie, qui ferait front commun depuis les années 50 pour minimiser les effets destructeurs de la cigarette sur la santé. "Ils auraient toutes les compétences pour faire des produits moins nocifs, mais ils ne le font pas, car les gens deviendraient moins dépendants de leurs produits", insiste la réalisatrice.

Nadia Collot a consacré cinq ans, dont trois à temps complet, à la collecte de renseignements et à la captation d’images. Déterminée, elle a dû travailler d’arrache-pied pour convaincre certains employés de grandes entreprises de cigarettes de se confier à la caméra, même si c’était sous le couvert de l’anonymat. Elle a parcouru l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Afrique afin de lever le voile sur les coulisses de cette puissante industrie. Le passage filmé en Afrique s’avère d’ailleurs particulièrement troublant. La réalisatrice y met en lumière la contrebande de cigarettes qui serait orchestrée par l’industrie elle-même; une industrie qui n’hésite pas à fidéliser une clientèle pourtant miséreuse. Le film est ponctué d’un intrigant décompte qui prend son sens à la conclusion de ce film nécessaire.

Du 5 au 11 mai
À la Maison du cinéma
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