Wu Ji : L'éternel retour
Cinéma

Wu Ji : L’éternel retour

Wu Ji, la légende des cavaliers du vent, du Chinois Chen Kaige, constitue un divertissement de qualité, mais qui ne renouvelle pas un genre remis au goût du jour par Tigre et Dragon. Serait-ce l’effet de saturation?

Au pays des légendes et de l’amour éternel, l’enfant Qingcheng (Cecilia Cheung) pactise avec la déesse du destin qui lui accorde l’adoration des hommes les plus puissants, mais avec qui elle ne connaîtra jamais le vrai amour puisqu’elle les perdra aussitôt. Princesse, elle devient le centre de convoitise d’un général ambitieux (Hiroyuki Sanada) et d’un duc maléfique (Nicholas Tse) qui s’affrontent par l’entremise d’un esclave qui court plus vite que le vent (Jang Dong-Kun) et d’un prisonnier doté de pouvoirs surnaturels (Chen Hong).

Le réalisateur du magnifique Adieu ma concubine et du mélodramatique Le Virtuose nous présente, avec ce Wu Ji, un conte fantastique empruntant au film de sabre et au film épique, à l’imaginaire des jeux vidéo et à celui des bandes dessinées. La forme ne manquera pas de plaire. Les extérieurs grandioses, les décors soignés et les costumes flamboyants participent au ravissement, mais ne permettent pas à cet objet d’atteindre la pureté esthétique de Héros de Zhang Yimou).

L’amateur de films d’action y trouvera certes sa dose de combats, d’acrobaties et de poursuites, qui constituent une bonne heure du long métrage, mais pourra se lasser rapidement devant des chorégraphies peu imaginatives et des voltiges ayant un air de déjà-vu. En cela, Wu Ji ne réussit pas à dépasser l’inventivité du Secret des poignards volants.

Celui qui sera en mal de se faire raconter une bonne histoire perdra son temps devant ce film, qui, malgré une prémisse efficacement posée, n’a rien pour entraîner, puis surprendre, tant l’intrigue est cousue de fil blanc. En cela, Wu Ji n’arrivent pas à la cheville de Tigre et Dragon.

Ce conte qui se veut atemporel par son enjeu moral, celui de l’individu face à la collectivité, reste fidèle aux préoccupations d’une génération de cinéastes chinois issus des années 80, mais pourrait laisser perplexes nombre d’Occidentaux rompus au libéralisme individualiste. Dotée d’un budget de 30 millions, cette production est l’une des plus onéreuses du cinéma chinois et, malheureusement, l’une des plus décevantes de Chen Kaige.

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