Festival de Cannes : Da Vinci Cannes
Depuis mardi, la 59e édition du Festival de Cannes est marquée par la folie Da Vinci Code. Notez toutefois qu’on y attend aussi impatiemment les derniers-nés des Coppola fille, Almodovar, Dumont, Moretti et Kaurismäki…
Gare de Cannes, mardi 18 h. Une foule de curieux s’est massée pour accueillir l’équipe de Da Vinci Code à bord de l’Eurostar. Coût de l’opération: 10 millions d’euros. Comme quoi les Américains ne regardent pas à la dépense. C’est vrai que le livre s’est vendu à plus de 42 millions d’exemplaires dans le monde. Sur la plage, une énorme pyramide noire, portant le titre en lettres blanches du célèbre roman de Dan Brown adapté par Ron Howard, envahit les lieux. Vous voyez le portrait? Au moment d’écrire ces lignes, nous n’avons pas encore vu le film dont tout le monde parle ni assisté à la montée des marches la plus attendue du festival. Qui sait alors si des moines zélés archi-conservateurs auront voulu faire subir à Tom Hanks et Audrey Tautou, qui s’est fait couper les cheveux, contrairement à son partenaire à l’écran, le même sort qu’aux Templiers…
Parmi les montées de marches attendues par les badauds juchés sur leurs escabeaux, notons celle de Wolverine et ses copains mutants (Hugh Jackman, Halle Berry et Famke Jannsen) pour X-Men: The Last Stand de Brett Ratner.
Dans un tout autre ordre d’idées, il paraît que l’ex-vice-président des États-Unis Al Gore viendra faire quelques pirouettes sur la Croisette pour accompagner un documentaire que nous ne voudrons pas manquer, An Inconvenient Truth, de Davis Guggenheim, qui traite du combat de Gore contre l’effet de serre. Ce n’est pas parce qu’on est à la plage qu’on n’a pas envie de se mettre quelque chose sous la dent! Le film connaîtra-t-il un plus grand succès que Farenheit 911 de Michael Moore il y a deux ans?
Comme nous le rappelle la gracieuse silhouette de Maggie Cheung se détachant sur fond rouge dans les grandes artères de Cannes, petite ville côtière de 70 000 habitants qui ne voient pas tous d’un bon oeil la venue de 130 000 visiteurs, le public cannois n’en a pas que pour les blockbusters américains et les stars. Bon, vous me direz que le président du jury Wong Kar-Wai, premier Chinois à occuper ce poste, sera entouré de Monica Bellucci, Samuel L. Jackson, Tim Roth et Helena Bonham Carter, mais n’oublions pas que Patrice Leconte, Lucrecia Martel et Elia Suleiman seront là pour les épauler.
Dans notre mire: Marie Antoinette de la divine Sofia Coppola qui réinvente le film d’époque avec Kirsten Dunst, Jason Schwartzman et Steve Coogan (récemment vu dans l’hilarant Tristram Shandy). Aussi, Volver de Pedro Almodovar qui renoue avec Penélope Cruz et Carmen Maura pour parler des femmes, de la folie et de la mort. Un qui risque de brasser la cabane, c’est bien Nanni Moretti avec Il Caimano, lequel aurait aidé à enfin chasser Berlusconi du pouvoir.
Pour sa part, Ken Loach replonge dans l’Irlande des années 20 afin de raconter les débuts de la guerre civile dans The Wind That Shakes the Barley, qui met en vedette le talentueux Cillian Murphy. Quant à Richard Linklater, il critique la société de consommation dans Fast Food Nation (avec Kris Kristofferson et Greg Kinnear) et propose sa vision du futur dans A Scanner Darkly (avec Keanu Reeves et Robert Downey Jr.).
Congorama de Philippe Falardeau. |
Nous retrouverons avec bonheur Aki Kaurismäki, qui s’intéresse au sort d’un laissé-pour-compte chaplinesque abusé par des bandits dans Les Lumières du faubourg; Bruno Dumont, qui traite d’amour et de guerre dans Flandres; l’actrice Nicole Garcia, qui est allée chercher Jean-Pierre Bacri, Benoît Magimel et Benoît Poelvoorde pour les besoins de son cinquième film, Selon Charlie; et enfin, Lucas Belvaux, dont La Raison du plus faible se penche sur le sort des petites gens.
Et pendant ce temps, du côté de la Quinzaine des réalisateurs, Philippe Falardeau souhaitera la bienvenue à tous dans son Congorama où Olivier Gourmet, acteur fétiche des frères Dardenne, incarne un inventeur belge qui découvre ses origines québécoises, aux côtés de Paul Ahmarani. Ce film très attendu du réalisateur de La Moitié gauche du frigo clôt la Quinzaine. Tout un honneur pour le seul Québécois venu présenter un long métrage à Cannes.