Fetching Cody : Retour vers le futur
Cinéma

Fetching Cody : Retour vers le futur

Avec Fetching Cody, David Ray apporte une touche fantastique et romantique au film canadien.

Autant le cinéma québécois réjouit le public et la critique ces dernières années, autant le cinéma canadien-anglais parvient mal à réjouir qui que ce soit. Pire, pour certains, la simple perspective d’aller voir un film canadien ennuie. Pourtant, de temps à autre, une oeuvre parvient à se démarquer du lot et à prouver que le pays d’origine de Cronenberg et d’Egoyan est toujours capable de produire des films originaux.

Au départ, ce premier long métrage de David Ray semble assez routinier. Dans le Downtown Eastside de Vancouver, Art (Jay Baruchel) et Cody (Sarah Lind) frayent avec les drogues dures, la prostitution et l’itinérance, tentant de survivre tant bien que mal en s’accrochant l’un à l’autre. Quand une overdose plonge Cody dans un coma dont elle risque de ne jamais sortir, le choc secoue Art et le film en entier. Ce qui s’annonçait comme une version Côte-Ouest de La Rage de l’ange prend soudainement un détour vers la science-fiction, façon Donnie Darko ou The Butterfly Effect.

En effet, un vieil ami d’errance d’Art prétend avoir en sa possession une machine à voyager dans le temps, sous la forme improbable d’un fauteuil inclinable orné de lumières de Noël. Art entreprend alors de remonter dans le temps et d’arranger les choses afin que Cody puisse jouir d’un avenir plus heureux. Mais au fil des mauvaises expériences passées de cette dernière qu’il découvre et tente de corriger, Art réalise que les troubles d’une personne peuvent être infiniment profonds et complexes, voire inévitables.

Baruchel, un acteur montréalais qu’on a remarqué dans Almost Famous, Million Dollar Baby et la série Undeclared, contribue grandement au succès du film. Il navigue savamment entre les changements de ton souvent abrupts du récit et réussit aussi aisément à faire rire qu’à faire pleurer. Malgré l’absurdité potentielle de la prémisse, on croit à la quête de son personnage, si empli d’amour pour sa copine qu’il est prêt à réécrire l’Histoire pour la sauver, quitte à s’en effacer lui-même.

Fetching Cody n’est pas sans faille (les dialogues sont parfois clinquants, la petitesse du budget est apparente), mais il vous ravira si vous êtes le moindrement habité d’une fibre romantique et sensible aux films vaguement psychotroniques. Il est rafraîchissant tout au moins de voir du cinéma canadien qui prend des risques.