La Malédiction : Diablement mauvais
La nouvelle version de La Malédiction, réalisée par John Moore, nous donne envie d’exorciser Hollywood de son obsession diabolique des remakes.
L’idée de refaire les films d’horreur à succès des années 70 semble devenue un véritable tic nerveux à Hollywood ces temps-ci, mais elle donne, jusqu’à maintenant, des résultats plutôt mitigés. Les remakes récents de Texas Chainsaw Massacre, Amityville Horror et The Hills Have Eyes ne courent aucune chance de devenir des classiques. Et on peut en dire autant de cette nouvelle version de La Malédiction, qui ne parvient jamais à surpasser l’original.
Pourtant, hormis la musique géniale de Jerry Goldsmith et le jeu intense de Gregory Peck et Lee Remick, tout était matière à amélioration dans le film de 1976, réalisé par Richard Donner. À commencer par le scénario de David Setltzer. Malheureusement, le scénariste reprend la plume et nous offre la même histoire à dormir debout, dans laquelle l’ambassadeur américain en Angleterre et son épouse (Liev Schreiber et Julia Stiles, qui ont un peu l’air de s’ennuyer) adoptent un enfant sans se douter qu’il s’agit de l’Antéchrist en personne. L’histoire était ridicule en 1976, elle l’est tout autant en 2006.
En fait, elle l’est un peu plus. On dirait que 30 ans plus tard, ces diableries arrosées d’eau bénite et de crucifix sont plus désuètes et risibles que jamais. Les auteurs font pourtant des efforts pour les remettre au goût du jour. Au début du film, un haut fonctionnaire du Vatican énumère pour nous (et le pape, à moitié mort) les prophéties qui annoncent la venue du rejeton de Satan: les attentats du 11 septembre, l’explosion de la navette Columbia et le tsunami en Indonésie, le tout illustré par des images d’actualité. Il y a quelque chose de profondément obscène dans la récupération de ces catastrophes bien réelles dans le cadre d’un film d’horreur d’été destiné à vendre du pop-corn.
Si au moins le résultat était excitant, terrifiant, surprenant. Même pas. La Malédiction distille un ennui profond, que même la présence de Mia Farrow, dans le rôle d’une nounou infernale, ne parvient pas à rompre. C’était pourtant une idée géniale que de donner enfin la chance à la vedette de Rosemary’s Baby de materner l’enfant du diable. Encore eût-il fallu qu’un cinéaste inspiré en fasse quelque chose, de cette idée. Ou du reste du film…
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