Duo : La grande séduction
Cinéma

Duo : La grande séduction

Dans Duo, Anick Lemay partage l’écran avec François Massicotte et Serge Postigo sous la houlette de Richard Ciupka, qui s’aventure toutes voiles dehors sur les eaux dangereuses de la comédie romantique. Rencontre avec l’actrice et le  réalisateur.

Secret de Polichinelle: les cinéastes québécois excellent dans quelques créneaux – grande fresque historique, saga familiale populo, film d’auteur introspectif… -, mais souffrent de complexes vis-à-vis de certains genres moins "nobles". La comédie romantique est l’un de ces types mal-aimés.

À quoi attribuer cette indisposition? À une pénurie d’interprètes possédant la tête de l’emploi? À une allergie au cucul? Richard Ciupka (Le Dernier Souffle, La Mystérieuse Mademoiselle C.) avoue avoir eu peur du gnangnan: "Quand tu dis comédie romantique, en tant que gars, tu sais que c’est ta blonde qui va t’emmener. Il fallait que le rythme soit assez bien mené. Il n’y a pas de grosses longueurs, j’ai mis de la musique variée. J’ai fait ça pour les gars."

Travaillant sans béquilles, gadgets ou autres effets numériques, le réalisateur a dû compter principalement sur l’interaction entre ses trois personnages principaux. Il avoue que le casting n’a pas été facile. Pour réussir l’opération charme, il fallait trouver un trio auquel on croie vraiment: "Au début, Anick Lemay était déjà associée au projet. Je la connaissais, j’avais travaillé avec elle. Puis j’ai rentré François Massicotte, et tout le monde a fait: "Es-tu malade? Pas un autre humoriste qui veut jouer!" J’ai dit: "Ce gars-là, je le connais, il a quelque chose, une belle prestance."" Des tests ont donné raison au cinéaste.

Restait alors à trouver le troisième élément du Duo. Ciupka dit avoir essayé "avec des gens très connus", mais sans succès: "On m’a proposé Serge Postigo. À l’époque, il avait la tête rasée, il jouait dans Irma Vep. C’était pas le bon look. Mais on lui a fait une perruque et on lui a changé les yeux. On l’a transformé physiquement, et là, la chimie a pris."

Le tournage s’est déroulé pour l’essentiel dans Charlevoix, l’automne dernier, alors que des restes d’ouragan fouettaient la région. Les intempéries ont forcé la production à s’ajuster au jour le jour: "Finalement, ça a été un mal pour un bien, croit le cinéaste. Ça a donné une facture au film."

Très fier du résultat, Richard Ciupka pense déjà à un possible Trio: "Honnêtement, je me suis fait prendre à mon propre jeu. Avec la gang de comédiens que j’ai eue là… Tu deviens chum avec eux. Il y a plein de choses qui arrivent sur le plateau. On pourrait développer davantage les personnages et en amener d’autres", conclut-il.

JAMAIS DEUX…

On l’a vue dans Le Survenant. On la verra dans Cheech. Pour l’instant, on peut l’apercevoir dans Duo, où elle tient le rôle d’une agente d’artistes qui fait les yeux doux à une rock star en sabbatique. Flanquée de François Massicotte et de Serge Postigo, Anick tient le rôle principal de cette comédie romantique réalisée par Richard Ciupka. Elle nous parle de son expérience de tournage et fait le point sur sa carrière.

À quoi ressemblait le scénario de Duo à l’origine?

"Le scénario a tellement changé. Les deux auteures (NDLR: Sylvie Pilon et Sylvie Desrosiers) s’étaient écrit un trip. Le personnage principal était courtisé par à peu près 10 gars, tous plus beaux les uns que les autres. C’était too much, ça n’avait pas de bon sens. Elles ont réécrit, réécrit, réécrit, et ça a donné la version qu’on a là sur grand écran."

Quel rapport peut-on établir entre ce rôle comique et le rôle dramatique campé dans Le Survenant?

"Aucun rapport (rires)! Avec Richard, on faisait beaucoup de choses spontanément. Il est très "impro", on pouvait changer le texte. Il y a une espèce de légèreté dans les tournages de Richard, ce qui ne veut pas dire qu’on ne travaille pas beaucoup. Dans Le Survenant, c’était plus introspectif. Duo ressemble davantage à une sitcom."

Êtes-vous satisfaite du chemin parcouru depuis que vous êtes sortie du Conservatoire, il y a 10 ans?

"Ça va super bien. Je pense que quand tu as envie de quelque chose assez fort, il y a un moment où les astres s’alignent pour que ça se passe. Quand je suis sortie du Conservatoire, je voulais faire de la télé. Après, j’ai voulu retourner au théâtre, et je me suis cassé les dents. Je me suis dit: je vais refaire de la télé. J’ai travaillé comme une malade pendant sept ans. J’étais tannée de tourner 20 pages par jour. J’ai désiré faire du cinéma, ce qui m’est arrivé."

La télé est-elle une bonne école pour le cinéma?

"La télé, ça va tellement vite, il faut que tu te fies à ton instinct. Le cinéma, c’est entre le théâtre et la télé, j’imagine. Il y a une espèce de recherche, comme au théâtre, tu te bâtis un personnage touche par touche. T’as du bagage. Il y a un travail d’interprétation qui est agréable."

Et la pub, là-dedans, ça s’insère comment?

"La pub, c’est fantastique… quand c’est bien fait. Avant Uniprix, j’avais fait Labatt 50 avec François Girard. Après ça, j’ai fait Cottonelle avec Richard Ciupka, qui m’a fait faire des sous, mais des sous! Est arrivé Uniprix. C’est un peu lourd à porter tous les jours, mais c’est un produit… une pharmacie, comment dire, c’est pas Loblaws. Il y a un petit côté plus famille, qui passe mieux. Si, dans 10 ans, je suis encore Miss Uniprix, ça ne me dérangera pas. Mettons que c’est un commerce "équitable". La pub me laisse une grande liberté, aussi, que je ne dénigre pas du tout de ce temps-là. Je ne veux pas faire ce métier dans le malheur et la pauvreté."

Quelles ambitions nourrissez-vous?

"Continuer de connaître des talents, des gars, des filles, des réalisateurs… Avant, j’aurais dit que mon ambition était de réaliser. J’ai commencé à écrire, j’ai fait l’INIS. Mais quand je vois tout ce talent-là, je suis tellement loin d’être capable de réaliser ne serait-ce qu’une demi-heure d’une télé-série "boboche". Quand tu sens que tu peux être le pion d’une grande idée, tu y vas, tu dis: "S’il vous plaît, faites-moi jouer! Un ver de terre, un petit pois vert, mais faites-moi jouer.""

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