Neil Young: Heart of Gold : Cher oncle Neil
Cinéma

Neil Young: Heart of Gold : Cher oncle Neil

Dans Neil Young: Heart of Gold, le réalisateur Jonathan Demme présente le célèbre musicien canadien dans ses habits de patriarche serein. Fascinant portrait.

Août 2005. Le vénérable rockeur canadien Neil Young s’installe pour deux soirs à l’Auditorium Ryman, à Nashville, La Mecque de la musique country états-unienne. Il est venu présenter les chansons de son nouveau disque, Prairie Wind, ainsi qu’une poignée de classiques tirés de son vaste répertoire.

Avec son chapeau blanc et son costume gris pâle, le bonhomme a l’air d’un propriétaire de plantation endimanché. Vêtus à l’avenant, les musiciens qui s’installent à ses côtés, parmi lesquels les fidèles Ben Keith, Spooner Oldham et Emmylou Harris, donnent l’impression de former une famille de pionniers élargie dont Young serait l’aïeul.

Tout au long du spectacle, les musiciens échangent des sourires et subliment des larmes, sous le regard attendri de leur maître de musique. Neuf caméras placées stratégiquement scrutent brillamment les visages. Les gros plans, particulièrement efficaces, suintent l’émotion. Touché.

Une fois son tour de chant terminé, la troupe s’aligne sur le devant de la scène et fait une ultime courbette pour remercier son public. Planté au beau milieu du groupe, Neil Young sourit radieusement. Récemment opéré d’un anévrisme au cerveau, l’homme savoure le moment, conscient de sa bonne fortune.

Magnifiquement captées par le réalisateur Jonathan Demme (The Silence of the Lambs, The Manchurian Candidate…), les images condensées des deux concerts donnés au Ryman forment l’essentiel de Neil Young: Heart of Gold, portrait musical riche et touchant.

Passé un préambule un peu sec qui donne brièvement la parole aux principaux protagonistes, le film colle au show, d’un rideau à l’autre. La musique, largement inspirée par l’expérience personnelle récente de l’artiste, possède une fibre mélancolique indéniable. La voix inimitable de Young chante le deuil et le passage du temps, puis raconte, entre deux morceaux, quelques anecdotes poignantes.

Manifestement fan du musicien, Demme met son art au service d’une performance musicale de qualité. Nul besoin de flaflas, les chansons génèrent plus que leur part de frissons. Il va sans dire que Young, un entertainer aguerri, se montre à la hauteur. En troquant sa chemise à carreaux contre un habit de gentleman farmer, le parrain du grunge revêtait symboliquement l’identité nouvelle de patriarche serein. Longue vie à l’oncle Neil.

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