Je ne suis pas là pour être aimé : Homme en crise
Je ne suis pas là pour être aimé, de Stéphane Brizé, est un "petit" film qui met en valeur un grand comédien, Patrick Chesnais, qu’on ne voit pas assez souvent chez nous.
Jean-Claude est un quinquagénaire au teint beige qui mène une vie qui n’a rien de rose. La semaine, il exerce son métier de huissier de manière mécanique; le week-end, il rend visite à son vieux père, moins par amour que par automatisme. Un jour, tout à fait par hasard, il aperçoit une scène intrigante – pour lui – depuis sa fenêtre. Dans l’édifice de l’autre côté de la rue, on danse le tango. Jean-Claude décide de s’y mettre. Là, il fait la rencontre de Françoise, une jeune femme souriante, avec laquelle il se lie d’amitié. Des sentiments qui ressemblent à l’amour font bientôt surface. Or Françoise doit bientôt se marier…
Petit film aux horizons somme toute limités, Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé (Le Bleu des villes) se joue dans un univers compact, qui se limite à quelques lieux banals (maison, école et bureau, en gros…), mais qui ancre en cela son propos dans un ici et maintenant connu du cinéphile moyen.
Le récit s’intéresse minutieusement aux aléas d’un personnage accablé, comme beaucoup d’hommes de sa génération, par une incapacité à vivre et à communiquer ses émotions. L’excellent Patrick Chesnais campe le rôle avec une grande subtilité, lui qui parvient à rendre sympatoche un type qui n’a, au premier regard, pas grand-chose pour lui.
On s’étonnera justement qu’une femme jolie et aimante (Anne Consigny, excellente) s’intéresse à tel personnage. C’est là l’énigme du film. Enfin, elle et lui s’attirent et, grâce à l’indéniable chimie opérant entre les deux acteurs, leur histoire semble plausible.
Cela dit, il ne faut pas être cousin avec le gars des vues pour savoir où Je ne suis pas là pour être aimé s’en va. Or, si le dénouement est clairement chorégraphié, la façon dont il est amené n’est quand même pas inhabile. On aime bien comment le réalisateur utilise certains personnages secondaires pour faire avancer l’"intrigue".
Enfin, cela dit, dans ce long métrage "économique", privé d’artifices et de béquilles, ce sont les têtes d’affiche qui font le travail. À preuve, ces trois nominations (meilleur acteur, meilleur actrice, meilleur second rôle masculin) obtenues au gala des Césars.
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