Don't Come Knocking : Le cow-boy solitaire
Cinéma

Don’t Come Knocking : Le cow-boy solitaire

Avec Don’t Come Knocking, Wim Wenders poursuit sa chevauchée fantastique à travers une Amérique qui n’existe qu’entre ses deux oreilles.

On sait Wim Wenders amoureux d’une contrée qui n’existe que dans son album photo mental. Le cinéaste allemand ne saurait filmer l’Amérique autrement qu’avec des lunettes roses. Les vastes plaines de l’Ouest, les bleds fantômes et les cow-boys Marlboro sur lesquels il pose son objectif relèvent d’une mythologie toute personnelle. Il sera vain de tenter d’y apposer un coefficient de réalisme. Don’t Come Knocking est plutôt à prendre comme une éloquente lettre d’amour à une terre chérie.

Contrairement au précédent Land of Plenty, long métrage à message qui pédalait dans la choucroute, Don’t Come Knocking ne tente pas de prendre le pouls des États d’aujourd’hui. Le film part en pèlerinage nostalgique, à la rencontre de lieux qui paraissent exister hors du temps, dans une sorte de pays d’Oz peuplé de fantômes fabuleux et de déracinés magnifiques.

Le récit développé par Wenders et Sam Shepard jongle avec le concept d’identité. Identité perdue, quête de racines, manque de sens… Le personnage central, Howard Spence (Shepard, excellent), est un acteur sur le déclin qui vit une remise en question. Quittant sans avertissement le tournage d’un western à numéros, l’homme décide de rendre visite à sa mère (Eva Marie Saint), à Elko, au Nevada.

Cette dernière lui apprend qu’il aurait eu un fils, il y a une trentaine d’années. Howard, interloqué, décide de faire enquête. Il part pour Butte, au Montana, retrouver une certaine Doreen (Jessica Lange), une serveuse avec laquelle il avait flirté dans le temps. Quelques surprises l’attendent sur place.

Pour leur première collaboration depuis le classique Paris, Texas, Wenders et Shepard se sont collés à un récit touffu et tentaculaire, farci de flashes insolites et d’épisodes surréalistes truculents.

Trop densément peuplé, à la limite dispersé, Don’t Come Knocking pèche malheureusement par excès. Une ligne narrative plus simple aurait mieux servi l’ensemble, un périple moins long aurait évité au récit de mourir d’inertie en deuxième demie.

Reste la majesté des paysages sauvages et urbains, captés par le directeur photo Franz Lustig, et le charme mélancolique de la musique originale, concoctée par T. Bone Burnett, pour prêter grâce et élégance à cet exercice de topographie imaginaire. Pas pire épopée.

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