Ciné-jazz : Hommage à Frank Cassenti
Le FIJM présente Ciné-jazz à la Cinémathèque québécoise, où l’on rendra hommage à Frank Cassenti. Pour assister à un concert de jazz dans une salle enfumée, dorénavant, il faudra aller au cinéma!
Pour se rafraîchir un peu à la fin d’un après-midi caniculaire ou pour un moment de calme en début de soirée, avant de se laisser glisser dans la marée humaine du FIJM, rien ne vaut un petit tour à la Cinémathèque québécoise. Cette nouvelle édition de Ciné-jazz nous offre, en plus de l’air conditionné et de l’atmosphère feutrée de la salle obscure de la Cinémathèque, la possibilité de faire une rencontre: celle de la cinématographie de Frank Cassenti, à qui l’on rend hommage en présentant 12 de ses films.
Il a touché la fiction, Cassenti, dans La Chanson de Roland (1978, avec Klaus Kinski), par exemple, ou dans ce Novecento (2005), dans lequel Jean-François Balmer dit le texte d’Alessandro Baricco, et qui fait paradoxalement plus de place à Archie Shepp et son quartette, présents aux côtés de l’acteur, qu’au pianiste auquel réfère pourtant le titre. Mais on ne se plaindra pas de voir Shepp souffler dans son saxo. Même qu’on le reverra avec plaisir dans Les Routes du jazz (2004), un bel exemple de ce genre dans lequel Cassenti excelle: le documentaire. Mais le terme semble bien carré pour le travail de cet amateur de jazz passionné… Pas assez impressionniste. "Portrait" serait plus juste.
Shepp et Cassenti se sont croisés souvent, l’un derrière la caméra, l’autre devant. C’est avec le saxophoniste que l’on fait un Retour en Afrique (1992), et c’est encore avec lui que l’on fait une Black Ballad (1992). Décidément, le cinéaste a la bougeotte, et les routes du jazz, il connaît, les sillonnant caméra en main tel un Jack Kerouac du 7e art. Il va jusque dans les petits chemins de traverse, comme le démontre ce Tango pour Astor (2005), dans lequel Richard Galliano joue du bandonéon et parle avec de l’amour dans les yeux de la musique de Piazzolla (Galliano sera présent lors de la projection du 30).
Il n’y a pas qu’Archie Shepp dans les films de Cassenti; on y croise aussi le duo de choc Hancock-Shorter (1999), Dizzy Gillespie et sa trompette (Dizzy Atmosphere, 1989) ou Michel Petrucciani, croqué en débutant dans Lettre à Michel Petrucciani (1982). Et il y a aussi ces courts métrages, par lesquels débute chaque séance. Alors là, du grand nom et de l’historique, en voulez-vous? En v’là! De Bessie Smith à Louis Armstrong, en passant par Cab Calloway et Jimmy Dorsey, sans compter Duke Ellington, bien sûr, ou Gene Krupa, il y a là encore beaucoup d’inspiration à prendre!
Le président-fondateur du festival Jazz à Porquerolles, dont le président d’honneur est, eh oui, Archie Shepp, prouve à chacun de ses films que l’Académie du jazz de Paris ne s’est pas trompée en lui décernant en 2000 un Django d’or pour l’ensemble de son oeuvre. Et Robert Daudelin, qui a concocté la programmation de cet hommage à Frank Cassenti, n’a pas dû trouver facile de choisir dans le lot, mais il a eu la main heureuse!
Cinémathèque québécoise
Du 29 juin au 9 juillet – 16 h et 18 h
www.cinematheque.qc.ca