Fantasia / Behind the Mask : Bas les masques
À Fantasia, Behind the Mask: The Rise of Leslie Vernon jongle avec les codes du film de serial killer. Le réalisateur Scott Glosserman explique sa démarche acrobatique.
Votre film a été présenté dans quelques festivals. Comment a-t-il été reçu jusqu’ici?
"La première a eu lieu en mars au festival South by Southwest, à Austin, au Texas. C’était vraiment magique. Jamais je n’avais assisté à une projection aussi interactive. D’accord, il était minuit et la bière coulait à flots, mais le public a compris dès le départ le ton du film. Les gens applaudissaient à tout moment. Le lendemain matin à 6 h, il y avait déjà quelques critiques positives sur Internet. Par la suite, le film a été programmé au très sélect GenArt Film Festival de New York. La réaction, lors de ce happening suivi par l’élite culturelle new-yorkaise, a confirmé que le film pouvait toucher un public plus vaste. Reste à voir comment ça se passera à l’extérieur des États-Unis. Montréal est la première étape d’une tournée internationale."
Vous vous amusez avec les codes propres au film de psychopathe, mais poussez l’exercice au-delà de la simple parodie. Quel objectif poursuiviez-vous?
"Pour les séquences d’horreur, je me suis inspiré des films réalisés par les Craven, Cunningham et Carpenter, fin 70, début 80. Behind the Mask leur rend hommage, de façon subtile et hyper-évidente. On a tourné en Super 16, ce qui donne un look granuleux. Les séquences style documentaire renvoient à Blair Witch Project et à Man Bites Dog. Le scénario de David Stieve m’a fourni une base à partir de laquelle j’ai pu développer mes propres idées sur le sujet tout en démontrant – un peu comme Jonathan Sehring et Adam Simon dans The American Nightmare – que le cinéma d’horreur est un sujet d’étude aussi valable que n’importe quel autre."
Quels sont les films d’horreur avec lesquels vous aimeriez vous faire enterrer?
"Wow! The Shining, Psycho et Night of the Living Dead, absolument! Friday the 13th et Halloween, sans doute. The Texas Chainsaw Massacre II, croyez-le ou non. Je ne sais pas si je partirai bientôt, mais si Haute Tension vieillit bien, je le prends avec moi. Tout comme The Vanishing – fort à propos, non? Enfin, je souhaite qu’on saupoudre ma tombe des cendres de Shaun of the Dead."
Quels sont les réalisateurs qui vous servent de modèles?
"J’ai le plus grand respect pour les cinéastes (et les scénaristes) manifestant une grande variété d’intérêts et qu’on arrive difficilement à mettre dans une case. Pour un réalisateur qui ambitionne de se frotter à plusieurs genres différents, les obstacles sont énormes, je m’en rends compte. Des gens polyvalents comme Richard Donner (The Omen, The Goonies, Lethal Weapon…), Stanley Kubrick (The Shining, Spartacus, Full Metal Jacket…) et le scénariste John August (Go, Charlie’s Angels, Big Fish…) m’inspirent."
Behind the Mask contient quelques scènes particulièrement comiques. Quelle place tient l’humour dans votre démarche?
"Je considère Behind the Mask comme un "mocumentaire". Non seulement était-il impérieux de déconstruire le genre de manière amusante, mais il fallait le faire de façon à ce que le public rie "avec" le film. Dans une parodie comme Scary Movie, on a plutôt tendance à rire du film, mais dans une satire comme Behind the Mask, le fan d’horreur peut apprécier l’humour de façon intéressée, en mettant à profit sa connaissance du genre."
La vedette du film, Nathan Baesal, est une belle découverte. Vous travaillerez encore avec lui?
"S’il n’en tenait qu’à moi, je ne travaillerais plus jamais sans lui. Chaque fois que je lis un scénario, le protagoniste prend les traits de Nathan. Sauf si c’est une femme: alors là, je pense à Bea Arthur (NDLR: star de la série télé The Golden Girls)…"
Vous avez travaillé avec l’acteur-culte Robert Englund. Parlez-nous de votre rapport avec le tristement célèbre Freddy Krueger?
"Robert est un de mes mentors. Il m’a encouragé, m’a conseillé et, plus important encore, il a conféré une certaine légitimité à ma démarche. Il m’a convaincu que ce que je voulais faire méritait d’être fait. Le bonhomme est très accessible, très ouvert, mais terriblement occupé. Ce n’est pas toujours facile de l’attraper, il vit sans cellulaire…"
Quel type de grille d’analyse appliquez-vous au film d’horreur? On sent l’influence de ce bon vieux Dr Freud…
"Hmm… je crois que je vais laisser à chacun le loisir de répondre à cette question. Du coup, le spectateur pourra peut-être découvrir dans le film quelque chose que je n’avais pas vu. Comme le sens de la vie, qui sait…"
8 juillet, 21 h 30, Théâtre Hall
10 juillet, 15 h, Salle J.A. De Sève