Fantasia / Wilderness : Sauvage et brutal
Cinéma

Fantasia / Wilderness : Sauvage et brutal

À Fantasia, Wilderness s’inscrit en lettres de sang dans la mouvance du nouveau cinéma d’horreur anglo-saxon. Entretien avec le réalisateur anglais Michael J. Bassett.

Wilderness semble tirer son suc de plusieurs genres. Dans quel rayon a-t-il sa place?

"Ce n’est pas un film d’horreur à proprement parler – ce qui n’est pas sans agacer les gens en marketing. Le programme de Fantasia parle d’un croisement entre Lord of the Flies, Friday the 13th et Deliverance. Ça me semble juste. On pourrait aussi qualifier le film de survival thriller hardcore doté d’une âme slasher…"

Quels sont les longs métrages qui vous ont servi d’inspiration?

"J’essaie de ne pas afficher mes influences trop ouvertement, mais il est clair que tous ces films de "terreur dans les bois" vus à l’adolescence me sont revenus en mémoire. Je pense à First Blood, par exemple. Ainsi qu’à Southern Comfort, que j’aime bien. Je dois ajouter que (le film japonais) Battle Royale a été évoqué plus d’une fois au stade de la scénarisation."

Vous avez tourné en Irlande du Nord dans un décor remarquable. Comment avez-vous abouti dans ce coin de pays?

"Comme le tournage était presque exclusivement extérieur, il fallait choisir les lieux avec soin. En tenant compte, bien sûr, des contraintes budgétaires propres aux petits films… Quand la Northern Irish Screen Commission nous a proposé de l’aide, je suis parti en repérage. Il n’y avait pas d’île dans le coin, malheureusement, et j’ai eu à créer une ambiance insulaire à partir de divers paysages. Je pense que ça fonctionne."

Plusieurs séquences d’horreur ont été filmées en plein jour, gagnant ainsi en impact. Pourquoi avoir procédé de la sorte?

"J’aime que l’horreur et la violence aient une qualité réaliste. En tournant de jour, ça donne une facture plus rentre-dedans à l’affaire. Ce n’est pas toujours évident à réussir, parce que l’horreur est généralement associée à la nuit. Mais je cherchais à créer un effet différent, allant au-delà de l’horreur pure, et qui arrime le film à quelque chose de plus terre à terre. Il faut aussi dire que nous avons tourné en été, alors que les nuits sont courtes. Un tournage nocturne de longue durée n’aurait pas été possible. "

Vu d’ici, le cinéma d’horreur britannique paraît traverser une période très féconde. Peut-on parler de renaissance?

"Vu de l’intérieur, c’est difficile de mettre les choses en perspective. Du coup, je ne remarque rien de particulièrement nouveau ou d’inédit. Mon premier film, Deathwatch, est sorti en 2002 dans la foulée de Dog Soldiers, 28 Days Later, My Little Eye, etc., au cours d’une année faste pour l’horreur britannique. Par la suite, les choses se sont calmées, mais voilà que soudain, on parle une fois de plus de nouvelle vague du cinéma d’horreur. En fait, tout est question de timing. En ce moment, il est question de résurgence, mais honnêtement, je crois que le buzz tient à la qualité des films réalisés. Cela dit, un long métrage comme The Descent, de Neil Marshall, nous a offert une superbe vague sur laquelle surfer."

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