Le Secret de ma mère : Les joyeuses commères
Dans Le Secret de ma mère, de Ghyslaine Côté, des personnages à la langue bien pendue ont bien du mal à demeurer discrets.
C’est aujourd’hui le jour de l’An, mais Jos ne change pas de maîtresse, car Jos (Guy Thauvette) est mort. Son entourage se retrouve alors à accueillir la nouvelle année au salon mortuaire, dans les pleurs mais aussi les rires. C’est que le défunt laisse dans le deuil un clan haut en couleur, notamment son ex-épouse Blanche (Ginette Reno) et ses quatre soeurs (Clémence Desrochers, Paule Baillargeon, Catherine Bégin et Andrée Lachapelle), une nièce hystérique (Marie-Chantal Perron), son meilleur ami alcoolique (Benoît Girard)… Et aussi, sa fille Jeanne (Céline Bonnier), qui garde un goût amer des dernières années du mariage de ses parents.
Le Secret de ma mère est une comédie dramatique parfois statique, les différents proches défilant devant le cercueil en offrant leurs condoléances, parfois épisodique, avec ses nombreux retours dans le temps. Défilent ainsi les premiers baisers échangés par Jos et Blanche (alors interprétés par David Boutin et Joëlle Morin) jusqu’à leurs violentes disputes sous les yeux de la jeune Jeanne (Laurence Leboeuf), en passant par la jalousie inspirée par Cécile (Bianca Gervais), soeur cadette de Blanche dont le sex appeal ne laisse pas Jos indifférent. À l’instar de Michel Poulette dans Histoire de famille, Ghyslaine Côté (Pin-pon: le film, Elles étaient cinq) propose un récit essentiellement intimiste où elle effleure quelques événements marquants de l’histoire du Québec (l’émeute de la Saint-Jean en 1968, la crise d’octobre de 1970).
Le film est en partie inspiré des souvenirs de la réalisatrice, qui en a confié l’écriture au scénariste et dialoguiste Martin Girard (aussi critique dans nos pages), qui avait signé le court-métrage de Côté, Pendant ce temps (Grand prix du Festival de Stony Brook en 2000). Cette réalisation de la cinéaste s’apparente souvent moins à du cinéma qu’à un téléthéâtre mais, précisons-le, un bon téléthéâtre – comme l’adaptation télévisuelle d’Albertine en cinq temps, par exemple. D’ailleurs, le mélange de truculence et de mélancolie présent dans Le Secret de ma mère rappelle un peu l’écriture de Michel Tremblay.
Si certains acteurs se laissent aller au cabotinage, la majorité d’entre eux sonnent très justes. Ginette Reno s’avère particulièrement émouvante, surtout vers la fin du film alors que son personnage doit dévoiler son fameux secret. Pour sa part, Clémence Desrochers est hilarante en matante à la mémoire défaillante. À elles seules, les performances de ces deux grandes dames font oublier les défauts du film.
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