Clerks II : Toujours les mêmes
Cinéma

Clerks II : Toujours les mêmes

Avec Clerks II, Kevin Smith renoue avec les personnages qui l’ont fait connaître il y a 12 ans. Entretien avec l’homme derrière Silent Bob.

Si son humour souvent vulgaire n’a pas changé et fait toujours mouche, Kevin Smith a tout de même acquis une certaine maturité. Ses personnages sont plus nuancés, et leurs préoccupations sont plus complexes alors qu’ils entament la trentaine. Brian O’Halloran et Jeff Anderson retrouvent les rôles de Dante et Randal, qui en une décennie n’ont réussi qu’à passer de commis du Quick Stop à la chaîne de restauration rapide Mooby’s, tandis que Jason Mewes et Smith replongent dans la peau des bouffons de service Jay et Silent Bob. De plus, Rosario Dawson s’ajoute à cet univers masculin et élève encore plus le niveau de l’ensemble.

C’est surprenant à quel point Clerks II est bien réalisé.

"Nous nous sommes longuement demandé si nous devions essayer de recréer le look fauché du premier film. Puis, nous avons décidé que ce serait stupide, car la seule raison pour laquelle le film avait l’air si moche est que nous n’avions pas d’argent. Nous en avons cette fois-ci, alors nous avons essayé de faire le plus beau film possible en appliquant tout ce que nous avons appris en 12 ans."

Ça a visiblement marché. Il y a des moments superbes, comme la scène des Jackson Five.

"Cette scène était ma façon d’exprimer que Dante est en train de tomber amoureux. J’aurais pu faire comme dans Chasing Amy, et écrire une déclaration d’amour de deux pages, mais je me suis dit que je pourrais le représenter visuellement plutôt que de le dire. Ça semble avoir marché."

J’étais sceptique au départ que deux belles femmes s’arrachent Dante… Ça fait un peu Archie.

"Ouais, c’est très Archie. On regarde le gars et on se demande: "Pourquoi lui?" Si j’étais une fille, j’opterais pour Randal. C’est pourquoi Rosario mérite un Oscar: elle nous fait croire qu’elle baiserait réellement Brian O’Halloran!"

Comment en êtes vous-venu à avoir Rosario Dawson dans le film?

"Harvey Weinstein voulait un visage sur l’affiche que le public reconnaîtrait. Nous avons choisi le nom de Rosario parce que nous étions sûrs qu’elle dirait non, alors on pourrait convaincre Harvey de nous laisser engager une inconnue. Ironiquement, elle a dit oui. Je lui ai demandé: "Pourquoi as-tu accepté d’être dans ce film?", et elle a répondu: "J’ai toujours voulu voir un spectacle érotique avec un âne.""

Justement, comment avez-vous réussi à vous en tirer avec une scène de bestialité?

"C’est probablement relié au fait que oui, il y a une scène avec un âne, mais à la fin, il y a un discours de 10 minutes où un gars essaye de dire à son ami qu’il l’aime. Il y a beaucoup de sentimentalité dans le film, et j’imagine que ça fait passer le reste plus facilement."

J’ai trouvé ce discours final de Randal plus émouvant que Brokeback Mountain.

"Quand on s’attarde à ce genre d’amitié mâle à long terme, j’ai toujours trouvé que c’était presque une relation romantique. Vraiment, on est à une bite dans la bouche près d’être gay!"

Voir calendrier Cinéma