Conversations With Other Women : Un couple presque parfait
Conversations With Other Women, de Hans Canosa, vous propose tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le dédoubler…
Combien de fois peut-on dire et redire une histoire d’amour sans tomber dans le déjà-vu et revu? Et si on la redisait en double, en présentant en même temps ce qui est dit et ce qui aurait pu être dit, l’effet serait-il plus stimulant?
Voici donc une histoire simple, voire banale: un homme (Aaron Eckhart) et une femme (Helena Bonham Carter) se revoient à un mariage 12 ans après s’être séparés. On ne connaîtra jamais leurs prénoms, mais on saura très vite que tous deux ont désormais quelqu’un dans leur vie. Lui côtoie Sarah-la-danseuse-qui-aura-23-ans-le-12-août. Elle est mariée à Jeffrey-le-cardiologue-qui-est-bien-trop-vieux-pour-elle. Loin de leurs conjoints respectifs et visiblement mal choisis, les deux ex-amants se livrent à une séance de rappel de souvenirs doux et amers qui conduira bien évidemment à faire disparaître le "ex" qui s’était placé devant le mot "amants".
Pour relater cette rencontre, Hans Canosa recourt à la technique du split-screen. Il faut un certain temps pour s’habituer à cet effet de dédoublement, pour commencer à apprécier ses intérêts plutôt que remarquer ses défauts. Le discours rappelle quant à lui le Closer de Mike Nichols, avec un net avantage pour ces Conversations. Les dialogues remplis de considérations existentielles sur l’amour et le sexe sonnent nettement moins prétentieux dans la bouche d’Eckhart et de Bonham Carter qu’ils ne le faisaient dans celle de Portman et de Law.
L’effet léché est aussi aboli, paillettes, jupettes et perruques criardes ayant fait place à des parures autrement plus sobres. Rien de trop excentrique, nulle trace de collagène: moment jouissif par excellence, la scène où l’homme enlève promptement son chandail, et que la femme s’exclame tout de go: "T’es gros!" Camouflant sa bedaine, il lui répond, blessé dans son orgueil, que s’il avait été une femme et elle un homme, elle aurait dormi seule ce soir-là.
Ce naturel et ces défauts sont loin de faire défaut, justement. On admire la beauté de Bonham, tout en ridules et en fatigue bien portée. On ne reste pas de glace non plus devant la gaucherie d’Eckhart et ses tentatives de séduction désespérées.
Cruellement désillusionné, ce film antiromantique à souhait se démarque par son cynisme et sa propension à dévier du chemin qui mène habituellement au classique "ils vécurent heureux…".
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