La Descente : L’allégorie de la caverne
La Descente, de Neil Marshall, raconte une expédition spéléologique cauchemardesque. Claustrophobes s’abstenir!
Film d’ouverture de Fantasia à Montréal, La Descente de Neil Marshall (Soldier Dogs) figurait également dans un volet que le festival consacrait à la Nouvelle Vague britannique, laquelle jumellerait habilement, dit-on, la psychologie propre aux classiques de l’horreur anglais mettant en vedette les Cushing, Price et Lee à la violence graphique du cinéma américain version Eli Roth (Cabin Fever, Hostel). Une chose est sûre, si ce drame d’horreur suffocant à souhait risque de nuire dangereusement aux associations de spéléologie, il prouve hors de tout doute que le cinéma d’horreur est promis à un bel avenir dans la perfide Albion. Avis à ceux qui sont lassés par les innombrables reprises des slashers américains ou des fantômettes aux cheveux noirs du J-horror…
Un an après avoir perdu son mari et sa fille dans un accident de la route, Sarah (Shauna McDonald) est invitée par Juno (Nathalie Mendoza) à l’accompagner avec d’autres copines dans l’exploration d’une caverne. Éboulements, perte de matériel et crises de panique ponctueront l’itinéraire des exploratrices, drôlement bien coiffées et maquillées pour une telle activité, qui n’auront d’autres choix que de s’enfoncer plus creux dans la caverne afin d’en ressortir. Le hic, c’est qu’elles ne sont pas seules.
Amorçant lentement son huis clos aux éclairages sombres afin de bien présenter les six protagonistes, qui cachent entre elles quelques mensonges et trahisons, Neil Marshall établit un climat de tension si palpable que le plus sensible des spectateurs sera cloué de frayeur sur son siège bien avant que les monstrueuses créatures humanoïdes à peine perceptibles se pointent le bout du nez (au bout d’une heure, environ!).
Ce que le réalisateur appelle lui-même un Deliverance sous-terrain n’a certes pas la psychologie fouillée du percutant film de Boorman ni celle du Alien de Ridley Scott, auquel la critique américaine l’a comparé, n’empêche que Marshall a su esquisser suffisamment ses personnages pour les rendre attachants ou, dans d’autres cas, détestables. À l’instar de nos héroïnes, c’est la solidarité féminine qui en prendra plein la gueule. Enfin, si la mince trame narrative n’est qu’un prétexte à transformer ces six sportives en petites soeurs de Rambo, le combat qu’elles livrent aux gluants et hideux habitants de la caverne se révélera aussi sanglant que jubilatoire. Drôle d’idée quand même d’avoir changé la fin de la version destinée à l’Amérique du Nord…
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