Festival des Films du Monde de Montréal : Le tour du monde en 12 jours et 409 films
Cinéma

Festival des Films du Monde de Montréal : Le tour du monde en 12 jours et 409 films

Ça y est! Le 30e Festival des Films du Monde de Montréal est officiellement commencé. Que faut-il voir? Que peut-on éviter? Programme.

Pour tout savoir sur tout ce qu’il faut voir, suivez le blogue de Kevin Laforest et de Natalia Wysocka au www.voir.ca/ffm

YIPPEE
(États-Unis, Paul Mazursky)

En 2005, Paul Mazursky s’est rendu en Ukraine avec 25 000 Juifs de partout à travers le monde pour participer à une cérémonie religieuse. Ce compte rendu documentaire semble moins être l’oeuvre d’un cinéaste aguerri qu’un quelconque vidéo amateur. On n’y retrouve aucune ligne directrice, si ce n’est l’incessant désir de Mazursky d’être le centre de l’attention, s’empressant de dire à tous les gens qu’il rencontre qu’il est un famous movie director et racontant les mêmes mauvaises blagues à répétition. (25-26-27 août) (K.L.)

TOUCHED BY WATER / EAUX DE VIE
(Canada, Tamas Wormser)

Tourné dans 13 pays, ce documentaire canadien se démarque par l’originalité de son thème: le rituel du bain et la relation que l’homme entretient avec l’eau depuis des siècles. Images captivantes pour un sujet inusité. (26 et 29 août) (N.W.)

KOMORNIK
(Pologne, Feliks Falk)

Lucek Bohme, la trentaine, est fier d’exercer l’un des métiers les plus ingrats qui existent: celui de huissier. Arrogant, arriviste et antipathique, il se complaît dans son travail, tirant jouissance de la souffrance et de la pauvreté d’autrui. Mais le jour où il revoit Gosia, son amour de jeunesse, Lucek se révolte contre son travail, contre Dieu et surtout… contre lui-même. À voir pour la réalisation sobre de Falk, mais surtout pour le jeu d’Andrzej Chyra, probablement l’un des plus grands acteurs polonais de ces dernières années. (25 et 28 août; 3-4 sept.) (N.W.)

KAMOME DINER
(Japon, Naoko Ogigami)

Croyant que l’amour des Finlandais pour le saumon suffira à faire naître une nouvelle passion nationale pour le sushi, Sachie, jeune Japonaise éternellement optimiste, quitte le pays du soleil levant pour ouvrir un restaurant à Helsinki. Mais, malgré ses efforts désespérés, les Finlandais boudent obstinément ses boulettes de riz et autres curiosités. Une comédie culinaire sympathique, mais qui manque de piquant. (25 au 28 août) (N.W.)

PINGPONG
(Allemagne, Matthias Luthardt)

Désemparé depuis le suicide de son père, un jeune adolescent perturbé débarque chez son oncle sans prévenir. Mais, en essayant de fuir ses problèmes, il ne fait que se heurter à de nouveaux soucis. Coincé entre un cousin alcoolique jaloux et une tante hystérique qui voue un amour malsain à son chien, Paul passera au travers de moments intenses et difficiles. Un huis clos théâtral intrigant. (27 et 28 août) (N.W.)

CAMARÓN
(Espagne, Jaime Chávarri)

Les biographies de chanteurs se ressemblent toujours un peu: le traumatisme pendant l’enfance, les premiers succès, les conquêtes amoureuses, l’enfer de la drogue, etc. À travers ce survol convenu de la vie de Camarón de la Isla, on n’apprend pas vraiment à connaître l’homme, mais on peut apprécier l’émotion à vif qu’il dégage lorsqu’il chante et comprendre pourquoi il est considéré comme une légende du flamenco. Aussi, les couleurs chaudes de la photographie sont un plaisir pour les yeux. (26-27-28 août) (K.L.)

LA BUENA VOZ
(Espagne, Antonio Cuadri)

Trahisons, amours extraconjugales, relations mère-fils compliquées et découvertes tardives d’enfants illégitimes. Ce film espagnol un tantinet trop mélo entremêle des thèmes déjà mille fois abordés. Correct, mais n’est pas Almodovar qui veut. (27 au 30 août) (N.W.)

ICI PAR ICI / JEU / TERRA
(Canada, Obom, Georges Swchizgebel et Alan Pakarnyk)

Ces courts métrages d’animation ont tous été produits par l’ONF, mais ils s’avèrent très différents les uns des autres. Georges Schwizgebel démontre à nouveau son génie avec Jeu et ses époustouflants changements de perspective continuels. (25-26 août) Ici par ici est un survol aigre-doux des souvenirs d’enfance d’Obom, qui a passé sa jeunesse à faire des allers-retours entre le Québec et la France. (28-30 août) Et dans Terra, Alan Pakarnyk illustre de façon psychédélique le cycle des saisons. (30-31 août; 2 sept.) (K.L.)

ABSOLUTE WILSON
(États-Unis, Katharina Otto-Bernstein)

Ce documentaire fascinant démontre l’étendue phénoménale du talent du metteur en scène Robert Wilson. Issu d’un milieu très conservateur, Waco au Texas, Wilson s’est vu obligé de s’exiler à New York et en Europe pour s’épanouir en tant qu’artiste homosexuel et avant-gardiste. Réinventant la danse, le théâtre et l’opéra, et collaborant avec Philip Glass, Tom Waits et plusieurs autres, Wilson a aussi démontré les fonctions thérapeutiques de l’art, notamment auprès des enfants autistes. (26-27 août; 2-3 sept.) (K.L.)

AISLADOS
(Espagne, David Marquès)

Dans une maison d’Ibiza, deux hommes se rencontrent pour parler de filles, de jeux vidéo, de pilosité de nombril, de sacs de plastique récupérables, de terrorisme et de cinéma. Ce qui aurait pu être un petit film léger s’avère un long métrage lourd, faussement détaché et parsemé de considérations machistes plutôt débiles. (29 août au 1er sept.) (N.W.)

MARIA AN CALLAS
(Allemagne, Petra Katharina Wagner)

Après la mort de son épouse, un designer découvre qu’elle écrivait quotidiennement à une inconnue avec qui elle partageait une passion pour Maria Callas. L’homme décide de continuer la correspondance avec la femme, puis va à sa rencontre et en tombe amoureux. Comédie romantique à la prémisse particulièrement tordue doublée d’un mélodrame sur le deuil, ce croisement improbable entre You’ve Got Mail et Monster’s Ball est assez artificiel, mais en partie racheté par la justesse du jeu des acteurs. (30 août; 2-3-4 sept.) (K.L.)

FUGA
(Chili, Pablo Larrain)

La création peut être une force destructrice, comme le découvrent un chef d’orchestre rendu fou par une mélodie semant la mort autour d’elle chaque fois qu’elle est jouée, et un musicien obsédé par l’idée de recréer cette Rapsodia Macabra. Passé et présent se croisent pour finalement se rejoindre dans ce film porté par la beauté sombre de ses images et la force évocatrice de sa musique. À son meilleur, un récit tragique et grandiose comme un opéra. (2-3 sept.) (K.L.)

ooo

GROS PLAN SUR: PRENEZ VOS PLACES
Avec une infime fraction du budget et des moyens qu’avait à sa disposition Érik Canuel pour Bon Cop Bad Cop, les frères Marc et Frédéric Thomas-Dupuis ont réalisé leur propre comédie bilingue, évidemment beaucoup moins spectaculaire mais tout aussi drôle. Le film dépeint les déceptions amoureuses, l’avenir incertain et l’amitié houleuse de deux jeunes Montréalais, qui s’improvisent cinéastes un été et tournent un court métrage parfaitement incompréhensible et prétentieux. Un sort qu’évite heureusement le très sympathique Prenez vos places.

On a l’impression que c’est un projet qui s’est fait spontanément.

Frédéric Thomas-Dupuis (producteur délégué): "Oui et non. Du moment où on a commencé à écrire jusqu’au moment où on a fini le tournage, il s’est écoulé huit mois. C’est après ça que ça a été long, quand on a commencé à faire nos démarches pour trouver du financement [pour la post-production] auprès de Téléfilm Canada, la SODEC, etc. On a un peu fait ça à l’envers."

Marc Thomas-Dupuis (réalisateur): "L’idée, c’était de ne pas attendre pour les bourses de développement. On a décidé de s’autofinancer, on allait faire la production et voir après."

De toute évidence, ça a fonctionné: vous vous retrouvez maintenant au FFM avec le film.

FTD: "Ça a vraiment été déclenché par Téléfilm Canada. Quand ils nous ont dit oui, ça nous a donné la confiance pour foncer, même si on entendait des commentaires négatifs à droite et à gauche. Tout l’aspect du bilinguisme, on s’est fait dire que c’était fou, que l’on coupait notre marché et que jamais personne n’irait voir notre film. Mais regarde Bon Cop Bad Cop, ça a fait quoi, 5 millions?"

La majorité des gens se débrouillent dans les deux langues, du moins à Montréal.

MTD: "C’est exactement ça qu’on voulait faire, cibler Montréal. On commence, on ne peut pas aller à l’international ou aux États-Unis; pourquoi pas faire un film qui soit propre à Montréal?"

Le tournage du film dans le film, où tout va tout croche, était-ce une façon d’exorciser vos inquiétudes en tant que cinéastes?

MTD: "C’est de là qu’on tire notre comédie, c’est là qu’on a décidé d’être un peu plus absurde."

FTD: "Ce qui m’a stressé tout au long du tournage, c’est la peur qu’un membre de l’équipe ou un comédien nous lâche, comme dans une des scènes du film. Ça, c’est vraiment la seule inquiétude que j’avais, parce qu’on ne les payait pas."

MTD: "Moi, ça me stressait plus ou moins. Après une semaine, on était quasiment comme une famille, tu voyais que tout le monde avait envie de se lever, même à cinq heures du matin, pour faire partie d’une scène ou juste pour voir les développements sur le plateau."

Vous explorez aussi le thème des jeunes adultes qui, même s’ils ont fait des études, ne savent pas toujours où ils s’en vont.

MTD: "Je pense que c’est la question que tout le monde se pose après les études ou même pendant."

FTD: "C’est quoi la ligne dans le film? "Je suis allé à l’école parce que c’était une bonne excuse pour ne pas avoir à prendre de décisions." C’est un peu vrai pour moi. J’ai fait une maîtrise en génie électrique, mais quand j’ai fini, ça ne me tentait pas de me trouver un job dans le domaine. J’ai plutôt pris une année sabbatique pour faire ce film-là."

Donc, ça reflète vraiment ce qu’on voit à l’écran?

FTD: "Pas la façon dont les personnages "botchent" leur film! Mais leur questionnement quant à leur avenir, ça me trottait dans la tête." (26-28-31 août; 1er sept.) (K.L.)

www.ffm-montreal.org

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