Idlewild : Sexe, alcool et jazz
Dans Idlewild, de Bryan Barber, le duo Outkast se transporte au temps de la prohibition afin d’interpréter des chansons de leurs deux derniers albums.
Qui est venu en premier, l’oeuf, la poule ou Rooster? Rooster est le personnage qu’Antwan "Big Boi" Patton interprète dans Idlewild, le film et l’album qui marquent le retour très attendu de Outkast, le duo de rappeurs qu’il forme avec André Benjamin. The Rooster est aussi une chanson tirée de leur disque précédent, Speakerboxxx, qui est d’ailleurs le titre original du film, ce qui ajoute encore plus à la confusion quant aux origines du projet. D’après ce qu’on peut en comprendre, Outkast et le réalisateur Bryan Barber y travaillaient originellement en 2003, en parallèle avec l’enregistrement de Speakerboxxx/ The Love Below, d’où la présence de pièces de cet album double. Puis, ils ont composé de nouvelles chansons spécialement pour le film, ainsi que plusieurs autres qui ne se retrouvent que sur le CD. Bref, Idlewild n’est pas vraiment la transposition au cinéma du disque qui l’accompagne, et ce dernier n’en est pas vraiment la trame sonore.
Techniquement, le film est une comédie musicale, mais le ton est souvent plus funéraire que festif et la musique, curieusement absente pendant de longs passages. Rooster est le gérant et la vedette du Church, un club de nuit où les hommes d’Idlewild, Géorgie, se rendent pour se rassasier de jazz, de sexe et d’alcool de contrebande, prohibition oblige. Toutefois, bien qu’on l’y voie se produire occasionnellement en compagnie de son pianiste et ami d’enfance Percival (Benjamin), Rooster passe la majorité du film à faire la guerre à un gangster (Terrence Howard). Quant à Percival, il passe plus de temps dans le salon mortuaire de son père que sur scène.
Ces scènes dramatiques étant peu captivantes, on se met rapidement à attendre impatiemment les trop rares numéros musicaux qui ponctuent le récit. L’idylle que Percival entretient avec une chanteuse est mignonne, mais là encore, leur relation ne prend vraiment vie qu’à travers les quelques chansons qu’ils partagent. S’il y a une chose dont un film centré sur deux stars du hip-hop ne devrait pas manquer, c’est bien de rythme, non? La séquence finale enchaînant une fusillade, une poursuite de voitures et une bagarre dans le club, le tout alors que Big Boi débite les rimes de l’excellente Church, réussit finalement à rendre le film aussi excitant que ce à quoi on s’attend d’Outkast, mais c’est trop peu, trop tard.
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