Hollywoodland : Requiem pour un superhéros
Dans Hollywoodland, d’Allen Coulter, Ben Affleck revêt la cape de Superman et affronte les démons de son interprète, George Reeves. Très en forme, l’ex de J-Lo.
Kevin Laforest
Nombreux sont ceux qui, se rendant à Los Angeles avec des étoiles dans les yeux, voient leurs rêves s’envoler en fumée et, dans les cas les plus tristes, n’en reviennent jamais vivants. Tel fut le sombre destin de George Reeves qui, même s’il devint l’idole de millions d’enfants en enfilant la cape de Superman à la télévision dans les années 50, demeura toujours amer de n’avoir jamais été respecté en tant qu’acteur sérieux. Jusqu’au 16 juin 1959, alors qu’on le retrouva mort d’une balle dans la tête, Reeves s’étant apparemment suicidé.
S’il est exagéré d’affirmer que Ben Affleck est un George Reeves moderne, il n’a sûrement pas eu trop de difficulté à s’identifier à lui. Affleck a beau être talentueux et beau garçon, la majorité des gens le trouvent ridicule. Alors que Reeves était prisonnier de son rôle de superhéros, l’oscarisé pour le scénario de Good Will Hunting a probablement perdu toute crédibilité à cause de sa relation très publicisée avec Jennifer Lopez. Sans doute la retrouvera-t-il grâce à cette performance complexe et nuancée, où il rend avec conviction à la fois le charme et les démons de son personnage.
Hollywoodland prend la forme d’une enquête, diverses facettes de la figure centrale étant révélées à travers des retours en arrière réguliers alors que quelqu’un tente de comprendre la mort de Reeves et par extension, sa vie, comme dans Citizen Kane. L’excellent Adrien Brody interprète Louis Simo, un détective privé cynique et opportuniste s’intéressant surtout à l’affaire pour la publicité qui s’y rattache. Le film met aussi en vedette Robin Tunney et Diane Lane, dans les rôles respectifs de la fiancée et de la maîtresse de Reeves. Cette dernière s’avère aussi être l’épouse d’Eddie Mannix (Bob Hoskins, inquiétant), un ancien gangster devenu l’une des têtes dirigeantes des studios MGM! Et puis on retrouve la Québécoise Caroline Dhavernas dans un rôle plutôt limité, celui de la blonde de Simo, mais où elle réussit quand même à briller, rappelant la Grace Kelly de Rear Window.
Premier long métrage d’Allen Coulter, un habitué de HBO (il a réalisé plusieurs épisodes de Sex and the City et The Sopranos), Hollywoodland s’inscrit dans la veine de Chinatown et de L.A. Confidential en s’avérant un film noir moderne intelligent et envoûtant, doublé d’un tableau tragique sur la manière dont Hollywood peut détruire des vies.
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