La Science des rêves : L'amour fou
Cinéma

La Science des rêves : L’amour fou

Avec La Science des rêves, mettant en vedette Charlotte Gainsbourg et Gael Garcia Bernal, Michel Gondry nous plonge une fois de plus dans un univers surréaliste et atypique. Toujours aussi éclaté?

Est-ce parce que ses clips nous ont fait halluciner? Est-ce parce que Eternal Sunshine of the Spotless Mind nous avait littéralement transportés? Peu importent les raisons, les attentes face au nouvel opus de Michel Gondry étaient grandes. Mais qui dit "attentes" dit souvent "déception"…

Dans son studio de carton-pâte, Stéphane (Gael Garcia Bernal) fait de la télé. Devant les caméras de papier, il apprend à ses hypothétiques spectateurs la recette parfaite pour rêver. Sur l’écran en technicolor situé juste derrière, il vit ses fantaisies colorées. Seulement voilà, Stéphane n’a plus 12 ans et demi, et tous souhaitent ardemment le voir enfin intégrer le monde réel. Dans une tentative désespérée de faire de son utopiste de fils un adulte "normal", sa mère (Miou-Miou) lui assure un boulot dans une compagnie de production de calendriers, insistant sur le côté hautement créatif du poste. Moins créatif que ça s’avérant finalement impossible, Stéphane décroche rapidement de cette occupation ennuyante, préférant concentrer son attention sur sa nouvelle voisine Stéphanie (Charlotte Gainsbourg, dégaine j’ai-constamment-l’air-tout-droit-sortie-du-lit assez déroutante) qui semble partager sa passion pour le bricolage et les installations qui font penser "aux vieux films d’animation russes". Mais comment deux êtres aussi déconnectés pourraient-ils arriver à se connecter entre eux?

Onirique, cette fable l’est sans conteste. Explosive, colorée, originale, sans contredit aussi. En donnant forme aux délires de Stéphane, Gondry a certainement fait preuve d’audace. Ses visées sur l’amour ne sont pas non plus sans romantisme. La présence à l’écran d’Alain Chabat, parfait dans le rôle du patron ringard qui se la joue jeune, s’avère réjouissante. Mais un petit quelque chose nous freine constamment, et nous empêche de nous extasier sur l’oeuvre. Est-ce le côté un peu trop gentil, le ton un peu trop mielleux, la vision poétique aux limites de l’enfantin? Est-ce le jeu un peu niais de Bernal, qui nous avait habitués à des rôles autrement plus intenses, et qui nous donne ici envie de le secouer pour le sortir de sa torpeur puérile? On ressort de cette Science des rêves avec un goût doux-amer, comme d’un rêve par trop étrange…