Le Dahlia noir : Dans le noir
Cinéma

Le Dahlia noir : Dans le noir

Avec Le Dahlia noir, Brian De Palma signe un film noir raffiné mais pas facile à déchiffrer, d’après le roman épique de James Ellroy.

À chaque fois que De Palma s’éclate en tournant une de ses variations tordues sur ses thèmes hitchcockiens préférés (Blow Out, Body Double, Raising Cain), il éprouve ensuite le besoin d’enchaîner sur un film de commande où il met son immense talent au service d’une idée ou d’un sujet imaginé par d’autres (Scarface, The Untouchables, Carlito’s Way). Cette tradition se maintient avec Le Dahlia noir, une adaptation très contrôlée, presque sobre, du roman labyrinthique de James Ellroy (L.A. Confidential), que De Palma a entreprise après l’échec commercial de sa délirante rêverie hitchcokienne, Femme Fatale.

Une oeuvre contrôlée et sobre, certes, mais uniquement dans la mesure où on la compare à d’autres films du même cinéaste. Car, dans le paysage actuel du thriller hollywoodien typique, Le Dahlia noir se démarque nettement par le raffinement de sa mise en scène et ses trouvailles visuelles. Mais à l’instar d’autres thrillers de palmiens léchés comme The Untouchables ou Carlito’s Way, on a parfois l’impression que le cinéaste réprime ses instincts naturels de grand styliste pour ne pas voler la vedette à un récit très dense qui repose beaucoup sur l’analyse des relations entre les personnages, plutôt que sur une mécanique de suspense pure et dure.

Il n’y a rien de surprenant à ce que De Palma ait été attiré par le roman d’Ellroy, car il retrouve quelques-uns de ses propres thèmes favoris dans cette oeuvre de fiction inspirée du meurtre, en 1947, de la starlette Elizabeth Short (Mia Kirshner). À partir de ce fait divers sordide, le romancier a imaginé une enquête policière menée par deux flics (Josh Hartnett et Aaron Eckhart), prétexte idéal pour plonger tête première dans l’univers trouble du film noir le plus pur (Hilary Swank et Scarlett Johansson incarnent ici des versions diamétralement opposées de la figure iconique de la femme fatale).

Tous les ingrédients d’un bon polar sont là et De Palma mitonne chaque scène avec le soin méticuleux d’un orfèvre. Mais l’adaptation au cinéma d’un roman aussi complexe pose des défis que le scénariste Josh Friedman ne relève qu’en partie. Bien des spectateurs auront ainsi de la difficulté à suivre le fil de cette intrigue touffue, parfois presque inextricable. À moins, bien sûr, de revoir le film plusieurs fois…

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