Les Fous du roi : Dérapages politiques
Cinéma

Les Fous du roi : Dérapages politiques

Les Fous du roi (All the King’s Men en version originale) remet au goût du jour un best-seller portant sur la nature corruptrice du pouvoir. Une relecture bien intentionnée, mais qui souffre d’enflure.

Après avoir envoûté l’électorat par son discours sorti des tripes, un politicien populiste accède au pouvoir. Parvenu au sommet, il a tôt fait d’oublier ses belles promesses et de s’abandonner aux pratiques douteuses reprochées à ses prédécesseurs. Histoire connue? On voudra évidemment y chercher des correspondances dans le passé, sinon dans l’actualité. Or, il se trouve qu’elle a été écrite il y a 60 ans. Cette fable à saveur morale imaginée par Robert Penn Warren a mérité le prix Pulitzer en 1947, avant d’être portée au grand écran par Robert Rossen en 1949 – et décorée de trois Oscars l’année suivante.

La version proposée par Steven Zaillian (le scénariste de Schindler’s List) consiste en une relecture du best-seller de Warren. Fort pertinente, on en conviendra, cette nouvelle adaptation souffre malheureusement d’enflure. Extrêmement bavard, Les Fous du roi finit par saouler et sa mécanique scénaristique est d’une impossible lourdeur.

Les événements nous sont relatés par le journaliste Jack Burden (Jude Law, plutôt fade) qui, en plus de remplir le rôle de narrateur, sert de factotum au gouverneur Willie Stark (Sean Penn, en mode gesticulatoire aigu).

Après un départ canon, dépeignant de manière plutôt cavalière la montée en force du politicien, le film tombe au neutre et s’enlise dans les ornières d’une intrigue balourde. Un scandale de corruption sert de dernier acte, lequel se dénoue de manière télégraphiée.

Ailleurs, on remarquera l’étrangeté de la distribution. Si le choix de Sean Penn, égal à lui-même, paraît sensé, on se demandera en revanche ce que viennent faire trois Grands-Bretons (Law est flanqué de Kate Winslet et d’Anthony Hopkins) dans un récit se déroulant en Louisiane. Leur accent emprunté nous gratouille les conduits auditifs.

Va pour le passif. Au chapitre des actifs, maintenant…: bon, c’est plutôt mince, il faut dire. Mais on soulignera bien la qualité de certaines images, saisies par Pawel Edelman, particulièrement les scènes de discours, électrisantes, où l’on voit Penn haranguer les foules tel un pantin en transe. Mais tout bien pesé, on aura plutôt envie de remonter à la source et de dépoussiérer le bouquin de Warren, voire l’adaptation oscarisée qu’en a tirée Robert Rossen.

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