Sans elle : Du plomb dans l’elle
Dans Sans elle, de Jean Beaudin, une Karine Vanasse en mode hystérique recherche sa mère. Sèche tes pleurs.
Alors qu’elle visite Florence, Camille (Karine Vanasse, un brin trop hystérique) est foudroyée par le syndrome de Stendhal, un malaise psychosomatique déclenché par une surdose de chefs-d’oeuvre artistiques pouvant provoquer des hallucinations. À peine est-elle revenue au Québec que, sans même attendre de reprendre complètement ses esprits, elle se lance à la recherche de sa mère (Marie-Thérèse Fortin, juste mais peu nuancée), disparue mystérieusement peu avant son départ pour l’Europe. Diverses pistes l’incitent à se rendre aux Îles-de-la-Madeleine, où elle rencontre un ex-motard (Michel Dumont, intimidant) et sa famille. Seraient-ils impliqués dans l’affaire?
L’intrigue au coeur de Sans elle n’est pas sans intérêt, mais la façon dont elle est rendue à l’écran devient rapidement pesante. Le réalisateur Jean Beaudin s’accroche à une métaphore aquatique à laquelle il revient sans cesse, si bien que si on évacuait tous les moments où les pleurs de Camille se font pluies, noyades et inondations, le film durerait à peine 40 minutes. On se croirait dans le film d’horreur japonais Dark Water ou dans sa relecture hollywoodienne, sauf que les eaux troubles se veulent ici plus mélodramatiques qu’inquiétantes, la jeune femme associant la perte de sa mère à la mer et à un retour mental dans le liquide amniotique…
Au symbolisme insistant des images s’ajoutent des dialogues et une narration qui martèlent chacune des pensées et émotions des personnages, ce qui donne l’impression d’assister à une psychanalyse sur film. C’est donc sans surprise qu’on apprend qu’avant d’être scénariste, Joanne Arseneau était doctorante en psychologie à l’UQAM. Cette dernière (qui a tout de même signé l’excellent La Loi du cochon) se réclame de M. Night Shyamalan mais, bien que Sans elle nage dans les eaux du thriller quasi fantastique aux circonvolutions narratives inattendues, on est bien loin de The Sixth Sense ou de Lady in the Water. Autant dire que Nouvelle-France était le Titanic québécois!
Sans elle est une oeuvre déconcertante, le genre de film qui fait tout un plat de la passion de la protagoniste pour le violon, puis la montre dans une séquence cathartique en train de jouer… de l’harmonica!?! Le cinéma québécois a réussi à regagner son public ces dernières années, avec des films dits d’auteur mais tout de même accessibles. Sans elle n’est pas l’un d’eux.
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