Tout Akerman : Le temps retrouvé
Cinéma

Tout Akerman : Le temps retrouvé

La Cinémathèque propose Tout Akerman, la plus importante rétrospective consacrée à la cinéaste belge au Canada. Propos de la réalisatrice rencontrée lors d’un déjeuner avec la presse.

D’un film à l’autre, sa façon de filmer le réel, de s’attarder à illustrer la banalité de certains gestes, en une suite de longs plans fixes, souvent sans dialogue, aux cadrages d’une précision remarquable, de même que ses plans séquences où elle parcourt l’espace à la suite de ses personnages, éveillent la fascination chez le spectateur. "Les deux principales composantes du cinéma sont le temps et l’espace, mais je ne saurais expliquer d’où vient cette envie de filmer ainsi, avoue Chantal Akerman. En 1968, dans Saute ma ville (28 sept., en présence de la réalisatrice), je présentais des gestes décalés, soit l’inverse de Jeanne Dielman, 23 Quai du commerce, 1080 Bruxelles (30 sept.). Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours eu envie de faire cela."

Son coup de foudre pour le cinéma, elle le vivra adolescente grâce à Pierrot le fou de Godard: "Je suis sortie de là et je voulais faire du cinéma, se rappelle-t-elle. C’est là que j’ai réalisé que le cinéma était un art comme la poésie et la littérature." S’ensuivra une oeuvre unique, audacieuse, sensible, avec laquelle la réalisatrice, passant aisément du film expérimental au cinéma plus commercial (Un divan à New York avec Juliette Binoche et William Hurt, 14 oct.), évoquera subtilement la quête d’identité et la solitude de l’être humain. Une oeuvre à découvrir absolument: "Grâce à cette rétrospective, je découvre tout d’un coup qu’il y a oeuvre et pourtant, je ne me sens encore qu’au début, j’ai envie de continuer… je n’ai pas fini!", promet la réalisatrice.

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MORCEAUX CHOISIS

Je tu il elle (1975)

En voix off, une jeune fille solitaire (Akerman) relate les moindres gestes de son morne quotidien, s’habiller, se dévêtir, manger du sucre, écrire une lettre… Plus tard, elle découvrira l’amour, ses plaisirs comme ses désillusions. Hypnotisant. Avec Niels Alestrup. (29 sept., en présence de la réalisatrice)

Les Rendez-vous d’Anna (1978)

Une cinéaste (Aurore Clément) parcoure l’Europe en train afin de présenter son dernier film. Que la protagoniste disparaisse au loin dans le paysage, qu’elle regarde défiler les villes à bord du train ou qu’elle soit en compagnie d’un interlocuteur dans un lieu clos, c’est sa douloureuse solitude qui crève l’écran. (6 oct.)

Toute une nuit (1982)

Par une chaude nuit d’été à Bruxelles, des couples se forment et se défont sous le regard voyeur d’Akerman. Une fiction troublante tournée en mode documentaire d’où émane une certaine mélancolie. Avec Aurore Clément. (7 oct.)

La Captive (1999)

Un jeune homme jaloux et possessif (Stanislas Merhar) garde chez lui une jeune femme (Sylvie Testud) bien qu’il connaisse l’attirance de celle-ci pour les femmes. Librement inspirée de La Prisonnière de Proust, cette Captive force l’admiration par sa mise en scène aussi élégante que dépouillée et son atmosphère vaguement onirique et surannée. (14 oct.)

Du 28 septembre au 15 octobre à la Cinémathèque québécoise
Installation vidéo Une voix dans le désert
Exposition de photos D’Est
www.cinematheque.qc.ca