Festival du nouveau cinéma : Chaud devant !
Jusqu’au 28 octobre, le FNC nous offre une programmation à satisfaire le plus exigeant des cinéphiles. Petit guide de survie.
13 TZAMETI
(France, Gela Babluani)
Une atmosphère glauque, un huis clos inquiétant, un noir et blanc qui n’a rien de romantique et des acteurs troublants. Grand Prix du Festival de Sundance et prix Lion du futur à la Mostra de Venise, 13 Tzameti est une oeuvre intrigante, portée par un scénario déroutant et une mise en scène originale. En révéler davantage sur le sujet serait gâcher l’expérience et diminuer le suspense. Un premier long métrage audacieux et prometteur. (21-22 oct.) (N. Wysocka)
AFTER THE WEDDING
(Danemark, Susanne Bier)
Un homme ayant consacré sa vie à la construction d’un orphelinat en Inde (Mads Mekkelsen, le nouveau Viggo) voit sa vie complètement chamboulée le jour où il assiste au mariage de la fille d’un riche homme d’affaires danois. Un touchant drame de moeurs qui évite de justesse de tomber dans le pathos. (19-22 oct.) (M. Dumais)
AWAY FROM HER
(Canada, Sarah Polley)
Comment quelqu’un d’aussi jeune que Sarah Polley, réalisant son tout premier long métrage, peut-il arriver à créer une oeuvre aussi mûre? Son film est extrêmement émouvant dès les premiers moments, ne serait-ce que pour la longue relation que les cinéphiles ont déjà avec la magnifique Julie Christie, qu’on s’attriste de voir en vieille dame aux prises avec la maladie d’Alzheimer. Dans le rôle de son dévoué mari, qui voit la femme de sa vie oublier leur amour, Gordon Pinsent nous brise aussi le coeur. (20-22 oct.) (K. Laforest)
BELLE BÊTE (LA)
(Québec, Karim Hussain)
Adaptation du roman de Marie-Claire Blais, La Belle Bête plonge dans l’univers d’une famille dysfonctionnelle (Carole Laure, Caroline Dhavernas et Marc-André Grondin) qui vit isolée dans une maison de campagne. Mélangeant onirisme et gore, Hussain explore sans compromis les désordres de l’amour filial. Bien qu’il se distingue par sa belle photo extérieure, le film souffre d’un rythme inégal et de certains effets un peu trop appuyés. (23-24 oct.) (M. Defoy)
CARLOS SAURA, PREMIÈRE PÉRIODE
Durant le FNC, la Cinémathèque québécoise présentera 16 films de Carlos Saura réalisés entre 1959 et 1979, des oeuvres marquées par le régime franquiste. On y retrouve plusieurs films mettant en vedette sa muse Geraldine Chaplin dont Peppermint frappé, Élisa, mon amour, Cria Cuervos, Maman a cent ans et Les Yeux bandés. (Jusqu’au 26 oct.) (M. Dumais)
CAVALIERS DE LA CANETTE (LES)
(Québec, Louis Champagne)
Les Cavaliers de la canette de Louis Champagne. |
Dans ce film à (très) petit budget à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, deux alcoolos (Champagne et Lorenzo Gélinas) se rendent au Festival western de Saint-Tite pour enterrer la vie de garçon d’un de leurs amis (Louis-David Morasse). Beaucoup de boisson, de sacres et de filles avec des chapeaux de cow-boy sont au programme, en plus de visites régulières aux urinoirs, d’engueulades viriles et de marques d’affection maladroites mais sincères. Brouillon mais rigolo. (20-22 oct.) (K. Laforest)
CES FILLES-LÀ
(Québec, Tahani Rached)
La réalisatrice de Soraida, une femme de Palestine nous propose un nouveau portrait de femme(s). Long métrage documentaire intimiste, Ces filles-là met en relief le dur quotidien d’adolescentes du Caire qui ont choisi de vivre dans la rue. Rached a su gagner la confiance de ses sujets, qui se livrent généreusement à la caméra et nous font passer par toute une gamme d’émotions. Touchant. (21-22 oct.) (M. Defoy)
CHEZ SCHWARTZ
(Québec, Gary Beitel)
Ce documentaire se penche sur la fière histoire et la sympathique routine de la charcuterie hébraïque du boulevard Saint-Laurent, devant laquelle les gens font la file depuis 1930 pour savourer leur smoked meat de renommée internationale. À travers les témoignages du propriétaire, des employés, des clients et même de ceux qui quêtent devant ses portes, Chez Schwartz rend un hommage chaleureux à une institution typiquement montréalaise. Attention: regarder ce film donne franchement faim! (22-23 oct.) (K. Laforest)
COLOSSAL YOUTH
(Portugal, Pedro Costa)
Un ouvrier cap-verdien habitant un quartier pauvre de Lisbonne recueille les confidences des jeunes paumés du quartier. Un sombre et lent exercice pas si loin du documentaire d’où émane une certaine poésie pour public averti et inconditionnels de Costa. (23 oct.) (M. Dumais)
FUGITIF OU LES VÉRITÉS D’HASSAN (LE)
(Québec, Jean-Daniel Lafond)
L’histoire peu banale de l’Afro-Américain David Belfield qui, en 1980, a assassiné l’ex-porte-parole du schah d’Iran à Washington, avant de trouver refuge à Téhéran. Un quart de siècle plus tard, le personnage refait surface dans le film Kandahar, de Mohsen Makhmalbaf… Jean-Daniel Lafond a rencontré l’homme, qui revient sur les événements tout en faisant le point sur sa vie. Le portrait comporte des zones d’ombre, mais a ceci d’intéressant qu’il s’arrime pertinemment à l’actualité. (20-21 oct.) (M. Defoy)
LUMIÈRES DU FAUBOURG (LES)
(Finlande, Aki Kaurismäki)
Un naïf veilleur de nuit est amené à commettre un vol pour une intrigante blonde. Moins abouti que L’Homme sans passé, on goûte avec plaisir dans ce dernier volet de la trilogie des perdants l’humour incisif frisant l’absurde du réalisateur, une mise en scène dépouillée mais précise et l’interprétation décalée à souhait des comédiens. Chaplinesque. (20-21 oct.) (M. Dumais)
PUNK LE VOTE
(Québec, Éric Roach Denis)
Un ancien squeegee qui devient politicien? Nul doute que ça surprend, jusqu’à ce qu’on se rappelle que la culture punk est loin d’être étrangère à l’engagement et aux revendications sociales. Et puis y a-t-il une si grande différence entre quêter dans la rue et quêter des votes? En documentant sa propre campagne comme candidat dans Outremont (!) aux dernières élections fédérales, Roach nous offre un croisement inusité entre un film de Michael Moore et Jackass. (20-21 oct.) (K. Laforest)
RECHERCHER VICTOR PELLERIN
(Québec, Sophie Deraspe)
Le mystérieux Victor Pellerin, artiste légendaire parti en exil après avoir détruit l’ensemble de son oeuvre, existe-t-il vraiment? S’appuyant sur les confidences de ses supposés proches, tous plus lassants les uns que les autres, ce vrai-faux documentaire semble être une satire du milieu artistique montréalais à son plus prétentieux et insignifiant, même si on y détecte une certaine complaisance. Canular indiscipliné, le film a au moins le mérite de constamment nous faire nous interroger sur sa nature. (22-23 oct.) (K. Laforest)
REMEMBERING ARTHUR
(Québec, Martin Lavut)
De nos jours, peu se rappellent cette figure marquante du cinéma d’avant-garde canadien qu’a été Arthur Lipsett. Vingt ans après son suicide, ses proches, dont le cinéaste d’animation Ryan Larkin, parlent de son oeuvre sans pareille et de son destin tragique. Plus émouvant qu’éclairant. (19-22 oct.) (M. Dumais)
SOCIÉTÉ DU SPECTACLE (LA)
(France, Guy Debord)
Dans ce film de 1973, présenté dans le cadre de la rétrospective que le FNC consacre à Guy Debord, l’écrivain situationniste lit d’un ton monotone de longs passages de son livre du même nom en voix hors champ alors que défile à l’écran un collage d’images d’archives, de photos de femmes dévêtues et d’extraits de vieux films américains (Johnny Guitar, Mr. Arkadin, The Shanghai Gesture, etc.). Pour les fans de masturbation intellectuelle marxiste à la Godard. (27 oct.) (K. Laforest)
SUR LA TRACE D’IGOR RIZZI
(Québec, Noël Mitrani)
Alors qu’il se rappelle sa vie de footballeur célèbre et la femme de sa vie (Isabelle Blais), un Français vivant à Montréal (Laurent Lucas) est poussé par un ami (Pierre-Luc Brillant) à devenir tueur à gages. Un polar existentiel, pour reprendre l’expression du jeune réalisateur, d’une simplicité déroutante, qui renoue avec bonheur avec la rigueur de nos hivers. Prix du meilleur premier long métrage au Festival de Toronto. (19-21 oct.) (M. Dumais)
TAXIDERMIA
(Hongrie, György Pálfi)
Pénis en érection, jets de sperme au plafond, vomissures à répétition ainsi que tripes animales et humaines sont au menu de cette comédie grinçante qui verse dans le grotesque et emprunte au surréalisme tout en carburant à l’humour noir. Si Francis Bacon, Duane Hanson et Salvador Dali avaient pu tourner un film ensemble, ç’aurait sans doute ressemblé un peu à ça. (20-21 oct.) (M. Dumais)
TEN CANOES
(Australie, Rolf de Heer)
Narré sur un ton taquin, voire enfantin, par David Gulpil, ce film fort d’images splendides nous replonge en des temps anciens dans le Nord de l’Australie au moment où un jeune aborigène (Jamie Gulpil, fils de David) part pour la première fois à la chasse aux oeufs d’oie avec son père et huit autres hommes de la tribu. (20-22 oct.) (M. Dumais)
WAITER
(Pays-Bas, Alex van Warmerdam)
Waiter d’Alex van Warmerdam. |
Pendant sobre mais tout aussi efficace du très bon Stranger Than Fiction, Waiter met en scène un garçon de table fictif (Alex van Warmerdam, dont l’air impassible rappelle celui de Buster Keaton) qui tente de convaincre le romancier qui écrit sa vie de pimenter son ennuyeuse existence. D’un comique absurde irrésistible. (20-22 oct.) (M. Dumais)
WAPIKONI MOBILE
(Québec, artistes variés)
À l’occasion du FNC, les jeunes cinéastes autochtones du studio mobile Wapikoni (fondé par Manon Barbeau) lancent 11 métrages de la cuvée 2006. On y retrouve notamment David, où un Algonquin livre un vibrant hommage à son fils David Kistabish, Tikinakan d’Alexandra Awashish et Carole-Anne Niquay, où des femmes parlent fièrement de l’ancêtre du porte-bébé, et le joli film d’animation de Steven Chilton, Le Vieil Homme et la rivière. (19 oct.) (M. Dumais)
Pour tout savoir sur tout ce qu’il faut voir, suivez le blogue de Manon Dumais, Kevin Laforest et de Natalia Wysocka.