Cinéma

L’odyssée du cinéma kurde à la Cinémathèque, Deliver Us from Evil, The Rocky Horror Picture Show, Festival du monde arabe de Montréal, House of Sand, Nordeste : Brèves Cinéma 2006-10-26

L’odyssée du cinéma kurde à la Cinémathèque

Du 28 octobre au 9 novembre, la Cinémathèque offrira 21 films kurdes afin de célébrer la récente effervescence de cette cinématographie: "En 80 ans, l’Irak a produit dans toute son histoire moins de films que l’Inde en produit en 3 heures ou que la France en produit en 2 jours, c’est-à-dire moins de cinq films. À huit ans, j’ai été surpris de découvrir qu’à la télé, les gens ne parlaient pas notre langue, et je me suis juré de faire passer le kurde dans cette machine", confiait Hiner Saleem, rencontré à Cannes en 2004 (lire la suite de l’entrevue sur le blogue de Manon Dumais au www.voir.ca/blogue). Les 28 et 29 octobre, Saleem (Vodka Lemon) présentera Kilomètre Zéro et Dol, et Bahman Ghobadi, Marooned in Iraq et Un temps pour l’ivresse des chevaux (Caméra d’or à Cannes en 2000). Sont également au programme les chefs-d’oeuvre du père du cinéma kurde Yilmaz Güney (Yol), de même que des oeuvres de cinéastes de la relève, Kazim Öz (The Land) et Jano Rosiebiani (Life). www.cinematheque.qc.ca. (M. Dumais)

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Deliver Us from Evil

Le titre de cet excellent documentaire d’Amy Berg rappelle celui d’un film d’horreur. Or, c’est bien ainsi que l’on pourrait qualifier l’expérience de ces douzaines d’enfants victimes d’abus sexuels du père Oliver O’Grady. Dans les années 1970, ce prêtre catholique, à qui l’on aurait donné le bon Dieu sans confession, s’est lié d’amitié avec plusieurs familles qu’il réussissait à convaincre de l’héberger. La nuit, il pouvait donc violer ou sodomiser ses jeunes victimes. Durant tout ce temps, l’Église catholique, au courant de ses agissements, ne disait mot. Une trentaine d’années plus tard, Berg donne la parole à O’Grady, lui-même victime d’abus sexuels durant sa jeunesse, et à des représentants de l’Église de même qu’aux victimes et aux membres de leur famille. En résulte un documentaire sobre, respectueux, bouleversant et enrageant. (M. Dumais)

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The Rocky Horror Picture Show

Sortez vos bas résille et porte-jarretelles des boules à mite, car ce week-end, c’est le Rocky Horror Picture Show! Avant chaque représentation, où une troupe de 30 comédiens jouera simultanément les scènes du film, le très glam-rock Plastik Patrik animera un concours de costumes dont les gagnants seront choisis par les applaudissements du public. N’oubliez pas le papier hygiénique, le fusil à eau, le riz, la toast et votre copie de Voir. Let’s do the Time Warp again! Les 27 et 28 octobre, à 21h et 23h30, au Cinéma Dollar (6900, Décarie); et le 31 octobre, à 20h et 23h au Cinéma Impérial (1430, de Bleury). www.rockyhorrormontreal.com. (M. Dumais)

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Festival du monde arabe de Montréal

Ces filles-là de Tahani Rached.

Pour sa septième édition, le Festival du monde arabe de Montréal propose des longs et courts métrages mettant en scène des prophètes de l’histoire, de la poésie, de la chanson, de la science et de la religion. Il présentera deux grandes soirées cinéma spéciales. Mentionnons quelques oeuvres de cinéastes québécois, dont le documentaire Ces filles-là de Tahani Rached, qui se penche sur le destin de quatre adolescentes du Caire (28 oct., 18h30), De ma fenêtre, sans maison de Maryanne Zéhil, qui met en vedette Louise Portal dans le rôle d’une Libanaise ayant abandonné sa fille pour émigrer au Québec (29 oct., 21h). Du 27 octobre au 4 novembre, au Cinéma ONF (1564, rue St-Denis). 7 $ par séance/5 $ pour étudiants et aînés. www.festivalarabe.com. (M. Dumais)

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House of Sand

Le désert a longtemps fasciné les cinéastes, de David Lean (Lawrence of Arabia) à Gus Van Sant (Gerry), et on peut comprendre pourquoi. Plutôt que de ne refléter qu’une époque précise, les récits se déroulant au milieu des dunes de sable ont un caractère intemporel, pouvant sembler se dérouler autant à l’aube de l’humanité qu’à la fin du monde. Telle est l’impression que donne ce film d’Andrucha Waddington se déroulant officiellement dans les terres asséchées du nord du Brésil, où trois générations de femmes (jouées à tour de rôle par Fernanda Montenegro et Fernanda Torres) vivent loin de toute civilisation, hors de la raison et du temps. Métaphore sur le sablier parfois aléatoire de l’existence, The House of Sand est surtout notable pour la beauté aride des images. (K. Laforest)

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Nordeste

Venue à Buenos Aires dans le but de récupérer un enfant à adopter, Hélène (une Carole Bouquet au jeu affecté et à l’espagnol teinté d’une forte touche d’accent parisien) se heurte contre des problèmes administratifs qui l’empêchent de combler ses désirs de maternité. Elle se rend donc dans le Nord Este, une région dépeuplée où la misère sordide côtoie les paysages des plus somptueux, pensant naïvement y trouver un fils à prendre sous son aile. Des dialogues sporadiques, une caméra tremblotante et des séquences meublées uniquement par le bruit du vent: pour ce premier film qui n’est pas sans erreurs, Juan Solanas porte un regard sensible et touchant sur la dureté d’une existence faite de violence, de pauvreté, mais aussi d’une grande dose d’amour. (N. Wysocka)

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Saw III

Le cinéma d’horreur possède une longue tradition de tueurs revanchards qui s’amusent à tourmenter et tuer leurs victimes avec des méthodes imaginatives. Pensons à l’abominable docteur Phibes, dont les meurtres s’inspiraient des plaies d’Égypte, ou encore au maniaque de Se7en, qui avait un faible pour les péchés capitaux. Le psychopathe tordu de la série Saw se situe dans la même lignée, sans être à la hauteur. Ses idées de torture et de mise à mort manquent cruellement d’imagination, à l’image de cette troisième mouture d’une franchise où l’on cherche en vain depuis le début la moindre étincelle d’intelligence et de créativité. Agressivement laid et vulgaire, Saw III ne réserve aucune surprise, pas même à la fin, malgré un simili-coup de théâtre qui laisse le spectateur totalement indifférent. (M. Girard)