Marie-Antoinette : Histoire de filles
Dans Marie-Antoinette, Sofia Coppola dépeint une cour de Versailles, tout en rubans et en rose, qui se déhanche au son de The Cure, s’empiffre de macarons et siffle du champagne à toute heure. Révolution française?
Sofia Coppola avait déjà le nom. Elle y a néanmoins rajouté une plus-value à travers une filmographie certes courte, mais tout de même impressionnante. Premier long métrage: The Virgin Suicides. Adaptation du roman de Jeffrey Eugenides, relatant l’histoire de cinq soeurs qui, comme le titre l’indique, choisiront toutes d’en finir précocement. Un univers très féminin, au sein duquel la jeune Kirsten Dunst évolue en princesse. Elle reviendra devant la caméra de Coppola en reine, pour le troisième long métrage de la réalisatrice, celui qui aura pour dure tâche de succéder au superbe Lost in Translation, car il va sans dire que la barre était haute. Et que pour apprécier Marie-Antoinette, mieux vaut faire l’impasse sur l’interlude qu’a été le mémorable face à face entre Murray et Johansson dans un hôtel de Tokyo.
La controverse entourant Marie-Antoinette aura fait écho: pourquoi présenter la reine comme une petite peste qui ne se préoccupe que de ses cheveux et de ses escarpins alors qu’au-dehors, le peuple réclame sa mise à mort? Pourquoi travestir le digne château de Versailles en discothèque des années 80? Et surtout, pourquoi diantre tourner cet épisode historique crucial pour la France en anglais?!? Les questionnements sont justes, mais sachant que Coppola a souhaité tourner davantage une oeuvre sur l’adolescence qu’un drame biographique, on peut passer outre ces digressions. Et même se régaler de ces gros plans de pâtisseries et de chaussures, tons pastels tout ce qu’il y a de plus kitsch. Les fanas des rythmes des eighties ne seront pas non plus en reste. Et les passionnés de haute couture y trouveront aussi leur compte.
Les dialogues sont sporadiques, l’atmosphère alternant entre le trash des scènes de bal et la langueur des séquences de chambre à coucher. Kirsten Dunst joue légèrement la carte de la minauderie, mais reste néanmoins dans les limites du supportable. Et bien que l’on puisse rester un peu interdit devant ces images de sujets qui dévorent sans gêne ni ustensiles des gâteaux débordants de crème chantilly, on ne pourra reprocher à Coppola d’avoir manqué de cran. Ni d’avoir refusé de voir la vie en rose.
À voir si vous aimez
Pretty in Pink de Howard Deutch
The Virgin Suicides de Sofia Coppola
Le roman Marie-Antoinette d’Antonia Fraser