Shortbus : XXX
Cinéma

Shortbus : XXX

Dans Shortbus, John Cameron Mitchell dépeint un univers sans tabous sexuels aucun, où impossible n’est pas anglais. Ah… New York, New York!

John Cameron Mitchell, celui qui incarnait le travesti débarqué directement d’un Berlin-Est communiste afin de nous chanter l’histoire des origines de l’amour dans son musical Hedwig and the Angry Inch, réalisé par nul autre que lui-même, nous replonge une fois de plus dans son univers débridé, façon cabaret glam rock. Son tout nouveau Shortbus s’ouvre donc sur une succession de scènes pour le moins osées, entrecoupées par le survol très arty d’un New York de carton-pâte.

Tandis que la dominatrice Severin (Lindsay Beamish) fouette son client fétiche d’un air blasé, la sexologue-canadienne-d’origine-chinoise-qui-n’a-jamais-connu-d’orgasme Sofia (Sook-Yin Lee) se livre à des contorsions amoureuses impossibles avec son looser de mari Rob (Raphael Barker). Et pendant ce temps, se croyant à l’abri de tous les regards (oups!), le torturé artiste James (Paul Dawson) essaye de se faire une fellation. Aide-toi et le septième ciel viendra?!

Après cette première séquence jouissive, si l’on peut s’exprimer ainsi, Mitchell continue son exploration de la décadence avec un humour certain et une esthétique qui n’est pas sans rappeler son dernier opus. Parce que "voyeurisme égale participation!", les personnages se retrouvent tous vite au Shortbus, club underground où les plaisirs les plus interdits ne le sont justement plus. Sous la tutelle de l’excentrique Justin Bond (incarné par l’excentrique Justin Bond), ils seront invités à regarder, à toucher puis à interagir.

Après une introduction aussi choquante, l’euphorie ne peut faire autrement que de commencer à refroidir. Du cabaret-débauche extrême, on bascule peu à peu vers un mélo existentiel qui, s’il ne peut être qualifié de mauvais, présente néanmoins une rupture de ton plutôt sévère avec la première partie. Ainsi, les tribulations du couple formé par James et son irritant de copain Jamie (PJ DeBoy) ainsi que la quête désespérée de plaisir charnel de Sofia prennent bientôt une place prépondérante, dotant le scénario d’une trame dramatique dont le départ ne laissait en rien présager la venue. On serait dès lors porté à reprocher au réalisateur d’avoir voulu en mettre plein les yeux avec une intro toute en perversion, puis de s’être relâché pour finir par tomber dans la facilité. Mais ce serait enlever à Shortbus tout son mérite de comédie grivoise savoureuse. Osez!

À voir si vous aimez
A Dirty Shame de John Waters
Hedwig and the Angry Inch de John Cameron Mitchell