Le Prestige : Tours de passe-passe
Cinéma

Le Prestige : Tours de passe-passe

Dans Le Prestige, le réalisateur anglais Christopher Nolan nous jette de la poudre aux yeux avec un indéniable sens du spectacle.

Christopher Nolan aime décidément beaucoup mystifier le spectateur en l’entraînant dans des intrigues où se mêlent passé, présent et futur sur fond de mystère et de tricherie. Souvenez-vous du fascinant Memento, dans lequel il racontait l’histoire d’un amnésique qui cherche à élucider le meurtre de sa femme. On s’y perdait avec délectation dans une intrigue déballée en désordre chronologique, c’est-à-dire à l’envers. Sans aller jusqu’à cet extrême, son nouveau film, adapté d’un roman de Christopher Priest, s’amuse encore une fois à tourner le dos à la narration linéaire dans le cadre d’un récit dont l’un des thèmes clés est le trompe-l’oeil.

Dans cette oeuvre où le fond et la forme s’harmonisent avec souplesse, Hugh Jackman et Christian Bale incarnent deux prestidigitateurs londoniens du XIXe siècle qui s’engagent dans une rivalité féroce après qu’un tragique accident ait mis fin à leur association. Le film agrippe notre attention et nous surprend dès le début en montrant le décès apparent d’un des protagonistes lors d’un numéro de "magie". On se doute bien que Nolan nous réserve un coup de théâtre pour expliquer cette mort pour le moins inattendue. Mais des coups de théâtre, il y en aura plusieurs au fil de cette histoire de vengeance qui carbure à plein régime aux faux-semblants.

Sans doute conscient qu’il risque de s’aliéner bien des spectateurs s’il réserve tous ses rebondissements pour la fin, Nolan prend bien soin de semer tout au long du récit des indices qui permettent de résoudre le puzzle au fur et à mesure que les éléments se placent au tableau. Honnêtement, on ne peut pas dire que les explications provoquent de grandes surprises. Et lorsque le récit bascule dans la science-fiction victorienne la plus improbable, on a presque le goût de décrocher. Mais le réalisateur nous manipule avec tellement de roublardise, voire de panache, qu’on prend plaisir malgré tout à se faire mener en bateau.

Outre les deux vedettes masculines, égales à elles-mêmes, Le Prestige nous permet de renouer avec David Bowie dans le rôle d’un inventeur excentrique. Il s’agit, à n’en point douter, d’un des plus beaux lapins sortis du chapeau de Nolan. Sans parler du toujours fiable et suave Michael Caine, qui s’acquitte avec classe d’un rôle secondaire.

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