Casino Royale : Blond, James Blond
Dans Casino Royale, de Martin Campbell, James Bond a les traits durs du blond Daniel Craig… et c’est tant mieux.
En 2004, Quentin Tarantino et Pierce Brosnan ont exprimé le désir de tourner ensemble un film de James Bond plus simple et viscéral (en d’autres mots, pas de BMW invisible), et qui serait un retour aux sources de la série, soit le premier roman d’Ian Fleming, Casino Royale. Les producteurs ont apparemment trouvé l’idée valable, mais ont préféré faire appel à un cinéaste moins iconoclaste, Martin Campbell (qui avait déjà réalisé GoldenEye), et à un nouvel acteur pour entrer dans la peau du célèbre 007, Daniel Craig.
L’absence de Tarantino est dommage, mais le choix de Craig est plus que satisfaisant, n’en déplaise aux puristes. Blond aux yeux bleus, avec une mine plus patibulaire que suave, on imagine mieux Craig se battant dans un pub irlandais que buvant un martini en smoking dans un casino. Ceci s’avère approprié car, bien qu’il doive éventuellement jouer aux cartes avec des millionnaires, le Bond de Casino Royale passe la majeure partie de son temps en sueur et en sang.
Après un saisissant prologue en noir et blanc durant lequel on voit comment Bond a reçu l’assignation double zéro, qui dénote un agent ayant au moins deux meurtres à son actif, l’action se déplace à Madagascar, où l’espion britannique remonte la piste d’un réseau terroriste et de ceux qui le financent. Cette mission le mènera autour du monde, des Bahamas au Monténégro en passant par Miami, pour ultimement faire face à un banquier sans scrupules, Le Chiffre. Interprété de façon suffisamment sinistre par Mads Mikkelsen, affublé d’un oeil cicatrisé pleurant du sang et d’un inhalateur pour l’asthme (!), l’acteur danois n’a toutefois pas la prestance d’Orson Welles, qui tenait le même rôle dans le Casino Royale de 1967, autrement insupportablement mauvais.
Bond doit aussi faire face à la non moins dangereuse Vesper Lynd (Eva Green), certainement la comptable la plus sexy du monde. Dangereuse, car elle est la rare femme qui réussit à le faire tomber amoureux, lui qui est si réputé pour ses innombrables conquêtes sans lendemain. Ce revirement romantique, bien qu’intéressant en théorie, a le désavantage de casser le rythme du film, beaucoup plus efficace pendant les scènes de poursuite, de torture et de combat. Malgré ce bémol, Casino Royale demeure le meilleur James Bond depuis longtemps.