Bobby : Journée d'Amérique
Cinéma

Bobby : Journée d’Amérique

Bien que Bobby raconte les dernières heures de Robert Kennedy, ne vous attendez pas à un film politique à la Oliver Stone.

Le réalisateur Emilio Estevez, qui tient également le rôle du mari et manager d’une chanteuse alcoolique (Demi Moore), a préféré signer un film choral où se croisent 22 personnes évoluant à l’hôtel Ambassador en ce jour d’élection du 6 juin 1968.

Via un casting imposant, on rencontre le concierge de l’hôtel (Macy), sa femme coiffeuse (Sharon Stone) et sa maîtresse (Heather Graham), l’assistant raciste du concierge (Christian Slater), un cuisinier latino fan de base-ball (Freddy Rodriguez), une jeune standardiste afro-américaine (Joy Bryant), un portier à la retraite et son vieux pote (Anthony Hopkins et Harry Belafonte), des futurs mariés (Elijah Wood et Lindsay Lohan), une journaliste tchèque (la Russe Svetlana Metkina), un jeune démocrate (le Canadien Joshua Jackson), etc. Tous connaîtront une journée tumultueuse où ils remettront leur vie en question jusqu’à ce que le drame arrive.

Fort d’une reconstitution d’époque tout à fait crédible, Bobby évoque de façon intéressante les diverses facettes d’une Amérique sur le point de perdre (une fois de plus) ses belles illusions. De toute évidence, Estevez a la nostalgie d’une Amérique idéalisée par les jeunes et moins jeunes.

S’attardant parfois sur des détails superflus – qu’est-ce qu’on s’en fout des chaussures que portera Helen Hunt au bal! -, l’acteur-réalisateur se rattrape tout à fait au finish. Ainsi, dès que The Sound of Silence de Simon and Garfunkel se fait entendre, c’est un habile tourbillon d’images d’archives et de reconstitution des faits qui plonge le spectateur dans l’horreur. On a beau avoir vu des milliers de fois Kennedy se faire descendre à la télé, jamais son assassinat n’aura semblé aussi affreux. Et alors que chaque personnage frôle la mort de près ou de loin, la voix de Bob Kennedy, aperçu furtivement via la télé, s’élève. Si son discours paraît beaucoup trop long, sans doute parce que l’émotion qui nous étreint nous empêche d’en savourer chaque mot, force est de constater que celui-ci nous rappelle cruellement qu’il n’existe plus de politiciens de la trempe des Kennedy.

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