Cinéma

Guide DVD 2006

Une année de films derrière la cravate et voilà que le temps est venu une fois encore de vous faire part de nos suggestions-cadeaux dans ce guide. Vous y trouverez nos coups de coeur de l’année 2006 et nous vous invitons à nous faire part des vôtres. Quel(s) DVD(s) offrirez-vous à vos proches cette année?

2046
de Wong Kar-Wai
Chine-Italie-France-Hong-Kong, 2004

En 1962, Chow (Tony Leung Chiu-Wai) vivait une relation tout en retenue avec une femme mariée. C’était dans In the Mood for Love. Quelques années plus tard, cet homme devenu cynique se retrouve dans une chambre d’hôtel dont le numéro lui rappelle cet amour et l’amène à écrire un roman de science-fiction s’inspirant de ses expériences, non sans le ramener constamment au passé qui le hante… Un exercice de mémoire auquel se prête également le cinéaste, dans ce qu’il qualifie lui-même de manière de synthèse de ses oeuvres antérieures. Sur un rythme lent et envoûtant, en laissant parler les images et travailler le spectateur, il donne ainsi dans un registre impressionniste, à la fois éclaté et intuitif, où bribes d’événements présents, de souvenirs, de fiction servent le portrait d’humeur et où les plans, construits comme autant de tableaux aussi poétiques que stylisés, expriment artistiquement l’émotion. En plus de quelques scènes supprimées et de la bande annonce, le DVD propose enfin un documentaire qui, malgré un côté promotionnel et anecdotique, offre plusieurs commentaires éclairants du réalisateur et des membres de l’impressionnante distribution (Gong Li, Zhang Ziyi, etc.). (J.Ouellet)              

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BROKEN FLOWERS
de Jim Jarmusch
États-Unis, 2005

Alors qu’il vient de se faire plaquer par sa copine, un ancien Don Juan (Bill Murray) reçoit une lettre anonyme d’une ancienne flamme lui annonçant qu’il serait père. D’abord réticent, il se laissera convaincre d’entreprendre un voyage afin de découvrir de quelle femme exactement il s’agit. Surtout reconnu pour son cinéma d’auteur, Jarmusch semble avoir trouvé dans cette association avec Bill Murray la formule idéale pour toucher un plus large public sans faire de concession. Le cinéaste reste ainsi fidèle à ses préoccupations artistiques: rythme lent, accent placé sur l’intériorité du personnage principal, qui semble ne rien éprouver mais cache en fait sous sa carapace un être brisé. Pour ce faire, Murray reprend en quelque sorte le rôle de clown triste qu’il avait si remarquablement défendu dans Lost in Translation, se débattant dans une recherche dont il ignore lui-même le sens. Évidemment, ce Grand Prix du jury de Cannes mise avec bonheur sur la subtilité et la finesse. Si le film se suffit à lui-même, l’édition DVD offre très peu de bonus: la vision du réalisateur sur son film, dictée par téléphone (?), et une étonnante compilation de tous les claps du tournage (!). (J-F Dupont)                           

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DE BATTRE MON COEUR S’EST ARRETE
de Jacques Audiard
France, 2005

À l’instar de son père, c’est à coups de poing et de bien d’autres choses que Tom (Romain Duris) se fraie un chemin dans l’immobilier. Jusqu’au jour où il revoit l’agent de sa mère, qui était pianiste, et où ce dernier lui propose de passer une audition. Contre toute raison, il accepte et se met au travail. Mais il ne pourra pas pour autant tourner le dos à ses obligations…

Audiard (Sur mes lèvres) nous propose ici un personnage complexe dans ses aspirations, ses limites et, surtout, ses contradictions. Un univers où cohabitent des éléments apparemment incompatibles – art et violence, héritages paternel et maternel, musiques électro et classique, idéal et réalité… Et ce sont justement ces contrastes saisissants qui font toute la force de son film, alors qu’il nous tient en constante extension entre deux pôles, que le rêve s’y heurte sans cesse au concret. Cela, grâce notamment au jeu de Duris, où s’opposent tension et recherche d’harmonie, à des images fortes comme celle de ses mains couvertes de sang, ainsi qu’à un montage vif et tranché. (J.Ouellet)

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SAINTS-MARTYRS-DES-DAMNES
de Robin Aubert
Canada, 2005

Un journaliste aux origines nébuleuses (François Chénier, solide) est dépêché dans un petit village d’où les gens ne reviennent jamais. Comme de fait, il ne faut pas longtemps à son photographe pour disparaître… Se fiant à ce qu’il est seul à voir et remontant des pistes dont on tente de le détourner, il fait alors tout ce qu’il peut pour le retrouver. Ce "suspense psychologique de science-fiction" ne réinvente peut-être pas le genre – quoique Aubert y apporte une touche personnelle, tant par son écriture conjuguant humour, répliques coup de poing et ton doux-amer que par ses images à la texture et à la poésie bien particulières -, n’en demeure pas moins qu’il en exploite efficacement les codes. Ainsi nous offre-t-il une intrigue captivante, semée d’éléments étranges, au gré d’une atmosphère mystérieuse, d’un surréalisme envoûtant. Et si certains passages s’avèrent plus douteux, on est néanmoins heureux de constater que l’ensemble mène à un dénouement cohérent, ni trop prévisible ni trop abracadabrant. (J.Ouellet)

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WALK THE LINE
de James Mangold
États-Unis, 2005

La vie du chanteur Johnny Cash (Joaquin Phoenix) et sa carrière avec la chanteuse June Carter (Reese Witherspoon), à partir de son enfance dans le sud des États-Unis, où il perd son jeune frère, jusqu’au célèbre concert à la prison de Folsom, en passant par ses débuts au mythique studio Sun de Memphis. La figure légendaire de l’Homme en noir et sa fructueuse carrière dans les années 1960 possèdent tous les éléments des biographies tumultueuses et émouvantes auxquelles le cinéma nous a habitués. Rien de bien surprenant donc à retrouver dans Walk the Line le cocktail vie amoureuse dissolue, relations familiales culpabilisantes, drogues et rédemption. Par contre, le film prend le judicieux pari d’explorer seulement la première moitié de la carrière de Cash, mettant l’accent sur la place primordiale qu’a eu la présence de sa future femme June Carter, rôle qui pourrait rapporter gros à Whiterspoon aux prochains Oscars. Car il s’agit d’une prestation à l’égal d’une oeuvre sérieuse et efficace. (J-F Dupont)

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A HISTORY OF VIOLENCE
de David Cronenberg
Canada-Royaume-Uni, 2005

Un père de famille ordinaire (Viggo Mortensen) devient un héros lorsqu’il descend deux criminels s’apprêtant à tuer les employés et clients de son restaurant. La publicité que lui vaut cet exploit n’a cependant pas que de bons côtés, alors qu’elle attire sur lui l’attention d’un gangster de Philadelphie (Ed Harris) qui croit le reconnaître. Est-il besoin de spécifier que ses intentions à son égard n’ont rien d’amical? Avec son côté intrigant, alors qu’il laisse d’abord planer le doute quant à l’identité du héros, sa part de suspense, liée au désir de vengeance de l’ennemi, et ses scènes d’action justicières, où des tueurs goûtent à leur propre médecine, le dernier Cronenberg vise certes un large public. N’empêche, en jouant sur l’ambiguïté du personnage central et en mettant en lumière l’incidence de ses actes de violence sur ses relations avec ses proches, il provoque un trouble qui confère à l’ensemble une amertume fort intéressante. (J.Ouellet)

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BROKEBACK MOUNTAIN
de Ang Lee
États-Unis, 2005

Au début des années 1960, deux cowboys (Jake Gyllenhaal et Heath Ledger) chargés de garder les moutons sur les pentes de Brokeback Mountain s’éprennent l’un de l’autre. Une relation socialement très difficile à soutenir, d’autant plus qu’elle s’étendra durant plus d’une vingtaine d’années malgré leur mariage respectif avec une femme. Au-delà de tous les clichés sur de tels personnages, cette adaptation d’une nouvelle d’Annie Proulx est avant tout une émouvante histoire d’amour, aussi sobre que cruellement triste. Le film d’Ang Lee montre ainsi avec beaucoup de finesse l’immense solitude de deux hommes, isolés de tout par leurs sentiments, et la pression qu’ils doivent subir, autant extérieure que celle qu’ils s’imposent à eux-mêmes. En plus d’un aspect visuel magnifique, ce sont les performances de l’expressif Gyllenhaal et du très intériorisé Ledger qui portent cette oeuvre contemplative vers des sommets d’observation psychologique, tout en témoignant du pouvoir de l’amour. (J-F Dupont)

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MATCH POINT
de Woody Allen
États-Unis/Grande-Bretagne

Chris Wilton (Jonathan Rhys-Meyers) est un joueur de tennis irlandais ayant frôlé le succès mais qui a dû se recycler en professeur à Londres. C’est donc de cette manière qu’il rencontre Tom (Matthew Goode) et tombe amoureux de sa soeur Chloe (Emily Mortimer), tous deux issus d’une famille richissime. Le désir d’ascension sociale de Chris est cependant mis à l’épreuve alors qu’il peine à cacher son désir pour Nola (Scarlett Johansson), la copine américaine de Tom. Serait-ce le changement d’air? Toujours est-il que le simple fait de travailler à Londres aura été providentiel à Woody Allen, lui qui a depuis toujours été associé à sa ville de New York. Dans ce qui est son meilleur film depuis plusieurs années, Allen lâche un peu ses obsessions personnelles pour explorer les forces opposant le pouvoir, la réussite, l’amour et la passion avec un cynisme décapant qui n’épargne finalement personne. Faisant constamment référence à l’opéra et à la tragédie grecque avec la place du destin et de la chance, Allen transforme cette histoire pourtant simple en descente directe aux enfers, avec une logique qui fait peur! (J-F Dupont)

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MUNICH
de Steven Spielberg
États-Unis, 2005

À la suite de l’attaque, par des terroristes palestiniens, de la délégation juive aux Jeux de Munich 1972, un agent du Mossad (Eric Bana) est placé à la tête d’une équipe (Geoffrey Rush, Daniel Craig, Mathieu Kassovitz et Ciarán Hinds) chargée d’éliminer les responsables du massacre. Des hommes ordinaires qui se transformeront graduellement en tueurs de sang-froid, de plus en plus désabusés quant à la légitimité de leur mission…

Par son style (images, rythme…), Munich rappelle les films des années 70, ce qui, déjà, lui confère une saveur particulière. Et c’est sans compter qu’au lieu de chercher à nous éclairer sur le conflit dans une perspective documentaire, Spielberg y privilégie le plan humain (conséquences psychologiques, incidence sur la vie personnelle…), au fil d’une montée dramatique mettant bien en lumière les mécanismes du cercle vicieux dont les personnages sont prisonniers. Évidemment, l’ensemble n’est pas non plus dénué d’action et de suspense, mais c’est sans conteste son goût amer qui survit le plus longtemps au visionnement. (J.Ouellet)

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L’ENFANT
de Jean-Pierre Dardenne/Luc Dardenne
Belgique/France

Bruno (Jérémie Renier) vit de petites combines. Sa copine Sonia (Déborah François) vient d’accoucher d’un petit garçon. Ne voyant là qu’une occasion comme une autre, Bruno décide de son propre chef de vendre leur enfant à l’adoption. Une décision qui affectera atrocement son couple et sa vie. Deuxième Palme d’or pour les frères Dardenne (la première ayant été remportée par Rosetta), L’Enfant prolonge le périple du cinéma réaliste et sans artifice du duo. Ici, tout est centré sur la figure de Bruno, être beaucoup plus inconscient de ses faits et gestes que réellement cruel ou obsédé par le gain. Les Dardenne ne le lâchent d’ailleurs jamais, au point d’occulter son environnement, mais réussissent aussi à construire son univers sans jamais porter de jugement, ce qui aurait été très facile dans le contexte. Il n’y a évidemment rien de bien joyeux dans le traitement, mais l’approche préconisée vaut son pesant de claques en pleine gueule, des claques sèches, rapides et sans avertissement dont on se souvient longtemps. (J-F Dupont)

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DEAR WENDY
de Thomas Vinterberg
Allemagne, France, Royaume-Uni, Danemark, 2005

Dans une petite ville minière américaine, sorte de village western des temps modernes, un jeune intello pacifiste (Jamie Bell) se retrouve en possession d’un pistolet, pour lequel il développe une fascination viscérale. Partageant sa passion avec un copain, il prend alors confiance en lui et, désireux de permettre à d’autres loosers de bénéficier de son expérience, fonde le gang des Dandies, vouant un véritable culte aux armes à feu et s’engageant solennellement à ne jamais dégainer…

Manière de fable, avec voix off insistante et espace cartographié, le scénario de Lars von Trier n’est pas sans rappeler vaguement Dogville. La réalisation de Vinterberg est au contraire plutôt réaliste, quoique s’éloignant du Dogme pour laisser libre cours à une certaine fantaisie. Mais le danger avec ce genre de film-métaphore, c’est que la démonstration prenne le pas sur l’histoire et les personnages. Et s’il est vrai que Dear Wendy ne fait pas dans la subtilité à ce chapitre, que l’intérêt prend du temps à s’installer, il faut reconnaître que, conjuguée à la musique des Zombies, la singularité des caractères, de l’intrigue et de la philosophie mise en avant parvient finalement à nous accrocher. C’est d’ailleurs ce qui permet au discours, du reste mordant et bien articulé, d’atteindre sa cible. (J.Ouellet)

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CACHE
de Michael Haneke
France, Autriche, 2005

Un couple de bourgeois (Daniel Auteuil et Juliette Binoche) à l’aise commence à recevoir une série de cassettes vidéo les concernant, accompagnées de dessins enfantins et morbides. Un événement d’abord anodin et inexpliqué, mais qui réveille chez l’homme de la maison une vieille culpabilité enfouie. On n’a jamais pu reprocher au cinéaste autrichien Haneke de laisser indifférent tellement celui-ci cherche à provoquer une réaction. Avec Caché, on peut à première vue être totalement déboussolé, voire frustré par cette intrigue très ouverte. Mais en fouillant un peu, on se rend compte que cette histoire sur la culpabilité mise moins sur les explications que sur le processus lui-même mis en branle dans l’esprit du personnage réellement coupable et la lente désintégration qu’elle engendre. Un processus qui nous engage à aller fouiller un peu plus loin que les réponses toutes faites, car Haneke évolue avec une belle dextérité dans le jeu des possibles, et c’est ce qui est fascinant chez lui. (J-F Dupont)

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V FOR VENDETTA
de James McTeigue
États-Unis/Allemagne, 2005

Dans un futur rapproché, les autorités d’une Angleterre fasciste ont un an pour mettre la main sur un terroriste masqué (Hugo Weaving) avant qu’il ne fasse sauter le parlement. Pour l’inspecteur en charge de l’affaire (Stephen Rea) et une jeune femme s’y trouvant mêlée malgré elle (Natalie Portman) – comme pour le reste de la population, d’ailleurs -, ce sera l’occasion d’une prise de conscience déterminante… V for Vendetta, adaptation de la bd d’Alan Moore, a d’abord le mérite de mettre ses multiples influences (1984, Le Comte de Monte-Cristo, la Seconde Guerre mondiale…) au service d’une réflexion sur le climat politique actuel. Ainsi prévient-elle contre la peur comme moyen de restreindre droits et libertés, sans pour autant aborder en profondeur le problème du terrorisme, son héros ne tuant pas d’innocentes victimes. N’empêche, s’il n’est pas toujours subtil, ce film d’idées ne donne pas non plus dans la facilité, en développant un discours éminemment politique. Cela, dans un style flamboyant, mais en misant sur une intrigue complexe plus que sur des scènes d’action spectaculaires. Dense et singulier. (J.Ouellet)

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UNITED 93
de Paul Greengrass
É-U/France/G-B, 2006

Adaptation en temps réel des événements, autant au sol que dans les airs, entourant le détournement du vol United 93, le seul avion qui n’ait pas atteint le but prévu par les terroristes qui en avaient pris possession le jour du 11 septembre 2001. Le film de Paul Greengrass (The Bourne Supremacy) était attendu avec beaucoup d’appréhension de la part d’un peu tout le monde. Et pour cause: il s’agissait du premier long métrage abordant la délicate question des détournements du 11 septembre, un sujet encore sensible et très présent pour les Américains. Greengrass remporte pourtant son défi en grande partie parce qu’il adopte l’approche du docu-fiction, basé sur les dernières conversations des passagers avec leurs proches. Même s’il ne peut que supposer les minutes fatidiques de ces passagers avant l’écrasement, il demeure ainsi aussi près que possible de la réalité (certaines des personnes au sol reprenant ici leur rôle), le procédé drainant un maximum d’émotion sans pour autant jouer les psychodrames. (J-F Dupont)

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HARD CANDY
de David Slade
États-Unis, 2005

Une ado (Ellen Page) offre à l’homme adulte (Patrick Wilson) avec qui elle "chate" depuis un moment de le rencontrer en personne. S’ensuit une histoire de pédophilie, mais dont le prédateur n’a rien de banal… À l’instar d’un Alexandra’s Project, Hard Candy se présente comme un règlement de compte en forme de huis clos psychologiquement impitoyable, un piège savamment orchestré et cruel à souhait. Et si son héroïne se révèle trop intelligente, forte et mature pour paraître réellement vraisemblable, ce parti pris a le mérite de rendre la confrontation d’autant plus intéressante, la dénonciation, cinglante. Sans compter que, non sans vulnérabilité, celle-ci s’avère remarquablement interprétée. Tout comme, d’ailleurs, son vis-à-vis, ce qui n’est pas sans importance dans ce genre de film. De même, si la crédibilité se voit parfois sacrifiée à la fable, il faut reconnaître que loup et Petit Chaperon rouge défendent leur position avec une conviction qui rend le jeu captivant. Mieux, leur ambiguïté demeure jusqu’à la fin. Cela, au gré d’un traitement efficace, soulignant la tension et dynamisant le duel verbal. Sans concession. (J.Ouellet)

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BON COP, BAD COP
d’Érik Canuel
Canada, 2006

Dans Bon Cop, Bad Cop, un détective de l’Ontario (Colm Feore) et un enquêteur de la Sûreté du Québec (Patrick Huard) deviennent partenaires malgré eux lorsqu’un cadavre est retrouvé à la frontière des deux provinces. Aux différences linguistiques et culturelles s’ajoutent les méthodes peu orthodoxes de l’agent québécois, qui se fout des procédures alors que son homologue ontarien ne jure que par elles. On a déjà vu cette dynamique dans d’innombrables autres comédies policières, mais on s’amuse quand même à regarder Feore et Huard s’exaspérer l’un l’autre. Le film comporte aussi beaucoup de gags sur le hockey. Les noms sont modifiés, mais on reconnaît facilement les références à Eric Lindros, Wayne Gretzky, les Nordiques et toutes les autres figures de notre sport national ayant été vendues aux Américains. Un film qui allie suspense et humour parfois macabre. (K. Laforest)

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DÉLIVREZ-MOI
de Denis Chouinard
Canada, 2006

Annie (Céline Bonnier) sort de taule. Elle vient de passer 10 ans à l’ombre à la suite de la mort de son amoureux. Les retrouvailles avec sa fille, Sophie (Juliette Gosselin), et sa belle-mère, Irène (Geneviève Bujold), sont froides. Annie parle de partir vivre à Vancouver avec l’adolescente, mais Irène ne la laissera pas faire. En attendant, Annie s’est pris un job de bras à l’usine de son patelin, a trouvé un appart et un chum (Patrice Robitaille). Elle développe un lien de plus en plus étroit avec Sophie, jusqu’à ce qu’Irène, qui croyait que sa bru avait quitté la ville, découvre le pot aux roses. Produit du scénario écrit à quatre mains par Denis Chouinard et la romancière Monique Proulx, Délivrez-moi est un film grave, au féminin introspectif et chagrin, qui explore sans se défiler les recoins sombres de l’âme humaine. (M. Defoy)

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MAURICE RICHARD
de Charles Binamé
Canada, 2005

Montréal, 17 mars 1955. Des milliers de Canadiens français descendent dans la rue pour protester contre la sanction imposée à leur idole, Maurice Richard (Roy Dupuis), qui ratera la fin de la saison et les séries éliminatoires pour avoir frappé un arbitre. La décision rendue par la Ligue nationale de hockey est discriminatoire, jugent les partisans de la Sainte-Flanelle. Maurice Richard retrace le parcours remarquable du célèbre numéro 9, des années précédant ses débuts dans la LNH jusqu’aux incidents entourant sa suspension. Très habile dans sa façon de faire revivre l’époque du Rocket, le film de Charles Binamé se distingue par son esthétique très "Grande Noirceur". La photo métallique et granuleuse de Pierre Gill est particulièrement efficace. Le scénario de Ken Scott est vif et fluide, et Roy Dupuis campe un Rocket plus grand que nature. (M. Defoy)

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LE COUPERET
de Costa-Gavras
France, 2004

Incapable de se trouver un emploi plusieurs mois après sa mise à pied, un ancien cadre de l’industrie du papier (impeccable José Garcia) décide d’éliminer un à un tous les candidats susceptibles d’être embauchés avant lui. Pendant que sa femme (Karin Viard, très efficace) s’humilie à exécuter différents petits boulots, notre homme s’enfonce dans le crime et le mensonge en rêvant d’avoir la tête d’un important cadre d’une papeterie (Olivier Gourmet, rigolo). Le Couperet se révèle une fable amorale jouissive dont la mécanique, diablement bien huilée, nous entraîne à suivre aveuglément la lutte du sympathique protagoniste contre une société hostile où la solidarité n’a plus sa raison d’être. Un film qui ébranle nos convictions morales et éthiques, sans oublier de nous faire rire et de nous faire passer par toute une gamme d’émotions. (M. Dumais)

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SUPERMAN RETURNS
de Bryan Singer
Australie/États-Unis, 2005

De retour après une "sabbatique" de cinq ans, l’homme d’acier constate que l’eau a coulé sous les ponts de Metropolis. Sa grande flamme, Lois Lane (Kate Bosworth), est mariée et mère d’un petit garçon. Son ennemi juré, Lex Luthor (Kevin Spacey), est sorti de prison et mijote quelque mauvais coup. En lieu et place du regretté Christopher Reeve, on retrouve le nouveau venu Brandon Routh. Le monde tourne toujours, mais pas très rond. S’il passe ses journées à bosser comme reporter au Daily Planet (dans les habits de Clark Kent), Superman consacre ses nuits à faire le bien aux quatre coins de la planète. Confiée à Bryan Singer, la réalisation de Superman Returns relevait du pari risqué. Le cinéaste s’acquitte pourtant de sa tâche avec beaucoup de confiance et de doigté. Il signe un film au sens plastique très abouti, respectueux de l’oeuvre originale. (M. Defoy)

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JOYEUX NOËL
de Christian Carion
Belgique/Roumanie/France/Allemagne/Grande-Bretagne, 2004

Joyeux Noël est un drame de guerre où la guerre n’aura pas lieu. Nous sommes dans le Nord de la France, sur un champ de bataille où des Français et des Écossais s’efforcent de repousser l’avance des Allemands. Or, en cette veille de Noël, la nuit baigne dans une étrange tranquillité. Est-ce le calme qui précède la tempête? Puis un soldat (Benno Fürmann) brise le silence en entonnant Stille Nacht. Bientôt, les cornemuses écossaises font écho au chant et les soldats de tous les camps sortent de leur tanière. À la voix du ténor, viendra s’ajouter celle d’une blonde soprano allemande (Diane Krüger), qui a bravé l’autorité pour fêter Noël dans les bras de son amant. Joyeux Noël sert son message pacifiste sur un lit de bons sentiments, ce qui ne nous empêche aucunement d’y prendre un réel plaisir, car l’oeuvre est chaleureuse, attachante et souvent fine dans sa façon de faire ressortir avec humour le caractère incongru de certaines situations. (M. Girard)

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