L'année de Philippe Falardeau
Cinéma

L’année de Philippe Falardeau

Au moment de la rencontre, Philippe Falardeau revenait de Paris, où Congorama ouvrait avec succès la 10e Semaine du Cinéma québécois, et se préparait à s’envoler pour Toronto où l’on célébrait mardi dernier les 10 meilleurs films canadiens, où figurait, évidemment, son deuxième long métrage. Pour mémoire, mentionnons que le film avait été chaleureusement accueilli à la Quinzaine. Et pourtant, Congorama n’a pas connu ici la popularité qui lui revenait: "Ça ne sert à rien de chercher des explications, avance le réalisateur. Il faut accepter ça comme faisant partie d’une conjoncture… Le Guide de la petite vengeance n’a pas aussi bien fait qu’on l’aurait cru. Il y a eu un réajustement cette année et par ailleurs, on a vu pour la première fois dans l’histoire des sorties en salles un automne où il y avait une douzaine de films par semaine. C’est un énorme problème qui empêche les plus petits de perdurer[P1]."

Celui qui vient de déposer le scénario de C’est pas moi, je le jure, d’après le roman de Bruno Hébert, et qui prépare avec Julien Boivent (scénariste de Entre ses mains d’Anne Fontaine) une comédie dramatique sur les troubles obsessifs compulsifs (pensée en fonction d’une coproduction naturelle), saura dès le mois prochain si le grand public français craquera pour Congorama: "À la Semaine du Cinéma, j’avais dit que percer le marché français, c’est un équilibre aussi difficile qu’ésotérique, explique Falardeau, mais si Céline Dion y est arrivée, pourquoi pas le cinéma québécois. Ça a fait rigoler, mais ça marque quand même une dichotomie entre l’exportation de ce qu’on a de commercial et de culturel. "

Le cinéma québécois serait-il condamné à n’être que refermé sur lui-même? Pas de quoi s’en faire, selon le réalisateur: "Qu’on ait un marché clos ou captif en Amérique du Nord, c’est tant mieux. On n’a pas besoin de faire comme les Canadiens qui s’expatrient aux États-Unis. On a un star-système, une tradition d’un cinéma qui remonte aux années 1960. On a eu une réputation de cinéma "plate" et c’est le cinéma commercial qui a cassé ça et permis aux gens de retourner voir du cinéma différent. C’est mieux d’avoir un cinéma qui s’exporte mal et qui fonctionne bien chez nous que rien du tout." Une bonne année malgré tout? Une super année, selon le principal intéressé.

COUPS DE COEUR

"The Secret Life of Words d’Isabelle Coixet, un huis clos magnifique, et Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris, l’une des rares comédies où l’humour ne chute pas et où l’attachement émotif augmente. Le CD de Patrick Watson que l’on va s’approprier comme Québécois lorsqu’il sera aussi célèbre que Rufus Wainwright…, on est comme ça!"

COUPS DE GUEULE

"J’aimerais que Stephen Harper, qui a réussi à déconstruire en neuf mois la réputation du Canada à l’international, cesse au plus tabarnak de demander à son dieu de bénir le Canada à la fin de chaque discours, personne ne l’a pas mandaté pour ça. S’il tient absolument à le faire, qu’il bénisse la Terre!"