L'année d'Érik Canuel
Cinéma

L’année d’Érik Canuel

Lors de la première de Bon Cop, Bad Cop à Fantasia, Patrick Huard s’était exclamé devant le public hilare: "On savait que c’était drôle, mais pas tant que ça." Devant une telle réaction, on s’attendait à ce que le film fasse bonne figure au box-office, mais jamais jusqu’à fracasser un tel record. Des plans pour foutre des complexes à n’importe quel réalisateur: "Je suis un gars assez terre à terre, jure Érik Canuel. J’ai toujours considéré qu’un film québécois qui tape 1,5 M$ ou 2 M$, c’était un très gros succès. On savait qu’on avait quelque chose de l’fun, sans prétention, et on pensait faire environ 3 M$. On savait aussi qu’on allait se faire accuser d’avoir fait un film à l’américaine, facile et cliché, mais on l’a assumé."

Un tel succès fait peur ou rend blasé? Le réalisateur répond: "Il ne faut pas comparer les chiffres. Tout le monde essaie de faire de son mieux. Chacun mérite sa place, tant le cinéma d’auteur que le cinéma commercial. Il ne faut pas se prendre au sérieux non plus: on fait des films, on ne sauve pas des vies! On apporte un peu de soleil ou de réflexion dans la vie des gens, c’est tout."

Film bilingue ayant séduit le Québec et, ô miracle, le reste du Canada, BCBC a également été vendu dans 16 pays: "Je reviens de Denver où l’accueil a été extraordinaire. En Estonie, j’ai rencontré Neil Jordan (The Crying Game, Breakfast on Pluto) qui m’a dit avoir aimé le film. C’est bien gratifiant d’avoir un succès populaire et d’avoir le respect de grands cinéastes."

Malgré tout, Canuel lorgne du côté de Los Angeles: "Vous ne me perdrez pas, assure-t-il. Le but, c’est de faire des films, et plus on rejoint de gens, le mieux c’est. En ce moment, je me cherche un Constant Gardener. Je n’ai aucune prétention, j’étais à la bonne place au bon moment. Je ne crois pas faire plus de 1 M$ ou 1,5 M$ avec mon prochain film, le sixième en six ans, et ça ne m’empêchera pas de dormir. Ce sera une comédie noir foncé traitant d’inceste, d’après Cadavres de François Barcelo; c’est La Loi du cochon rencontre Delicatessen à la Tarantino, avec Patrick Huard." Et Bon Cop, Bad Cop 2? Va falloir un gros budget…

COUPS DE COEUR

"The Three Burials of Melquiades Estrada de Tommy Lee Jones, ésotériquement et artistiquement une grande oeuvre en soi, le public québécois… et ma blonde."

COUPS DE GUEULE

"L’assassinat du cinéma québécois par les critiques; ils ont droit à leur opinion, mais je n’ai pas partagé leur hantise envers certains films. J’ai un dégoût total de la politique de Bush."