Dreamgirls : Génération Motown
Cinéma

Dreamgirls : Génération Motown

Avec Dreamgirls, Bill Condon rend un vibrant hommage aux belles années de Motown.

En 1959, Berry Gordy Jr., encouragé par l’auteur-compositeur Smokey Robinson, fonde Motown. À travers diverses magouilles et un sens inné des affaires, il réussit non seulement à faire des stars locales de ses artistes afro-américains mais aussi à séduire le public blanc. Un des groupes phares de Motown est The Supremes, un trio féminin ayant commencé comme choristes de Marvin Gaye. D’abord centré sur la voix puissante de Florence Ballard, The Supremes devient vite le véhicule de Diana Ross. Tristement, Ballard sombre dans la dépression et l’alcool.

Qu’est-ce que tout cela a à voir avec Dreamgirls? Tout! Suffit de substituer Motown pour Rainbow Records, Gordy pour Curtis Taylor Jr. (Jamie Foxx), Robinson pour C.C. White (Keith Robinson), The Supremes pour The Dreams, Gaye (avec une bonne dose de James Brown) pour James "Thunder" Early (Eddie Murphy), Ballard pour Effie White (Jennifer Hudson) et Ross pour Deena Jones (Beyoncé Knowles). D’abord créé sur Broadway en 1981, Dreamgirls est une chronique fascinante de la création de Motown, dont les répercussions touchent l’ensemble de la culture populaire du vingtième siècle et l’évolution des relations raciales en Amérique. Tout ceci est communiqué à travers une extraordinaire collection de chansons, chacune avançant le récit et permettant aux personnages d’exprimer leurs pensées et sentiments les plus intimes, notamment le besoin désespéré d’être aimée d’Effie dans And I Am Telling You I’m Not Going et l’auto-affirmation de Deena dans Listen.

Ayant elle-même éclipsé les autres membres du groupe avec qui elle a d’abord connu le succès, Beyoncé s’identifie clairement au rôle qu’elle tient ici et conséquemment, elle dévoile un côté plus vulnérable d’elle-même qu’on a rarement vu. Jamie Foxx plonge aussi complètement dans son personnage, sans craindre de paraître antipathique. Pour sa part, Eddie Murphy a finalement l’opportunité d’être non seulement drôle mais aussi allumé et imprévisible (voire dangereux!) qu’à l’époque de ses spectacles Delirious et Raw. Et Jennifer Hudson, dans son tout premier rôle, vole la vedette autant par sa voix phénoménale que par son jeu émouvant.

Bill Condon (qui avait aussi signé le scénario de l’adaptation cinématographique de Chicago) réalise avec Dreamgirls un divertissement spectaculaire, partant d’une histoire classique de gloire, de déclin et de rédemption et la racontant avec une fougue qui fait honneur aux belles années de Motown.

À voir si vous aimez
Standing in the Shadows of Motown de Paul Justman
Ray de Taylor Hackford
Purple Rain d’Albert Magnoli