Venus : Requiem pour une prostate
Dans Venus de Roger Michell, le légendaire Peter O’Toole incarne un acteur chancelant sous le poids des années mais ayant toujours le goût des jeunes filles.
Lorsqu’un grand du cinéma avec une longue et riche fiche de route tient un rôle dans un nouveau film, particulièrement quand les apparitions au grand écran se font plus rares, l’aura de l’acteur occulte souvent le reste. Tel est le cas avec Venus, où il est difficile de discuter des thèmes et du personnage central sans d’abord considérer ce qu’y apporte la présence de Peter O’Toole, frêle mais toujours captivant. Surtout qu’il y interprète un comédien vétéran qui sent que son ultime sortie de scène approche…
L’acteur en question se nomme ici Maurice. Il a brûlé les planches des plus prestigieux théâtres de Londres et fait sa marque au cinéma, mais les offres viennent de moins en moins régulièrement, les producteurs craignant que les problèmes de santé liés à son âge avancé nuisent à son travail. Pourtant, malgré qu’il doive se faire opérer à la prostate prochainement, Maurice se sent toujours bien vivant. Assez pour entamer une relation pas tout à fait romantique mais certainement pas innocente avec Jessie (Jodie Whittaker), la petite-nièce de son confrère Ian (Leslie Phillips).
Si la considérable différence d’âge entre eux fait sourciller, ce qui est franchement difficile à saisir est pourquoi un homme cultivé comme Maurice est attiré par une créature aussi impolie, ignorante et inélégante, qui n’a que la jeunesse de son corps à offrir. Surtout que le vieil hédoniste n’a plus vraiment la force de courir à la poursuite du plaisir; impuissant, son désir n’est que théorique. Et que trouve donc Jessie à son prétendant septuagénaire? On peut concevoir qu’elle apprécie son amour relativement inoffensif, sauf que le bonhomme s’essaie régulièrement à la peloter, ne cessant que lorsqu’elle le frappe. Douteux.
Le récit décousu et chancelant est à l’image du protagoniste, mais cela n’excuse pas le manque de profondeur du scénario, dont le propos ne va pas tellement plus loin que le convenu "si jeunesse savait, si vieillesse pouvait". Avec un anonyme vieillard jouant Maurice, Venus serait sans grand intérêt, mais avec O’Toole dans le rôle, le film profite du capital de sympathie qu’il a accumulé au cours des années. Ainsi, même si l’oeuvre dans son ensemble est passable, les fans de l’acteur britannique ne voudront pas manquer ce qui est peut-être une de ses dernières performances.
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