Le Labyrinthe de pan : Rêves d'enfants
Cinéma

Le Labyrinthe de pan : Rêves d’enfants

Le Labyrinthe de pan (El Laberinto del Fauno), de Guillermo del Toro, explore l’imaginaire d’une fillette malheureuse en temps de guerre. Entretien avec le réalisateur.

"Lorsque j’écris un scénario, je ne pense pas à un public précis, avoue Guillermo del Toro, joint au téléphone; dans le cas du Labyrinthe de pan, je crois qu’il s’adresse aux adultes ainsi qu’à certains enfants. Enfant, je l’aurais aimé; j’aurais pu le voir à 10 ans parce que j’étais un gamin hardi et que la violence ne m’a jamais dérangé. Je dirais que ce film est un examen psychologique qui permet de voir si on a encore la foi ou non. Certains me disent qu’ils ont adoré le dénouement heureux, d’autres, la fin tragique. C’est étonnant de constater comment l’on peut interpréter ce film…"

Que l’on y voie une fin tragique ou heureuse, le destin de la jeune Ofelia (extraordinaire Ivana Baquero) est hors de tout doute triste et cruel. Dans l’Espagne de Franco, aux lendemains de la guerre civile, la fillette doit se résoudre à vivre avec le nouvel époux de sa mère (Ariadna Gil, touchante), l’horrible capitaine Vidal (surprenant Sergi Lopez), qui n’a d’intérêt que pour la naissance prochaine de son fils. Heureusement, Ofelia trouve réconfort auprès de la servante Mercedes (Maribel Verdu, solide) et dans la lecture des contes de fées. Puis un jour, un faune (Doug Jones, gracieux et inquiétant) lui apprend qu’elle est une princesse venue d’un royaume merveilleux.

À propos du choix des acteurs, del Toro confie: "En voyant Sergi Lopez jouer les méchants charmants dans Harry un ami qui vous veut du bien et Dirty Pretty Things, j’étais sûr qu’il pouvait incarner le mal. Quant à Ivana, elle possède une vieille âme et impose le respect."

Émouvante célébration du pouvoir de l’imaginaire doublée d’un magnifique conte de fées gothique, Le Labyrinthe de pan démontre que del Toro comprend et sait traduire avec sensibilité les tourments de l’enfance, notamment lorsque celle-ci se heurte à l’horreur du monde adulte. Le film propose un univers fertile en décors fabuleux et en créatures monstrueuses, lesquels évoquent Alice au pays des merveilles et les tableaux de Goya – particulièrement le troublant Saturne dévorant ses enfants dans cette scène où Doug Jones se glisse dans la peau d’un ogre des plus terrifiants. Enfin, que l’on y voie ou non un dénouement heureux, nul ne pourra rester indifférent au sort réservé à la jeune fille.

À voir et à lire si vous aimez
The Devil’s Backbone (El Espinoza del Diablo) de Guillermo del Toro
Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll
Labyrinth de Jim Henson